Jawbox en 10 titres et pas un de plus

Jawbox en 10 titres et pas un de plus

Eté 1989. Du côté de Washington DC, Government Issue peut se targuer d’une longévité inédite en ville lorsqu’il décide de raccrocher les guitares, arguant une certaine lassitude et des velléités artistiques différentes. Bassiste au sein du groupe depuis quatre ans, J.Robbins – désormais à la guitare – rebondit en formant Jawbox en compagnie de Kim Coletta (basse) et Adam Wade (batterie). Si le trio donne son premier concert la même année en première partie de Fugazi, ce n’est qu’en 1990 qu’il pose sa première pierre discographique. Quatre titres sont ainsi enregistrés pour un Ep étiqueté Dischord, mais également Desoto, label créé pour l’occasion.

En 1991, Jawbox sort son premier album Grippe, enregistre l’arrivée du second guitariste Bill Barbot, et retourne en studio en vue de la sortie de Novelty (1992), successeur qui va permettre au quatuor de tourner à travers les Etats Unis et s’installer durablement dans le décor post hardcore nord américain. C’est le moment que choisit Adam Wade pour rejoindre les rangs de Shudder to Think, vite remplacé par Zach Barocas dont le jeu de batterie plus technique, aussi efficace que singulier, contribue à la signature musicale unique du groupe.

Bien posé sur ses nouvelles bases, Jawbox se penche alors sur la composition de ce que beaucoup considèrent aujourd’hui comme sa plus belle oeuvre. Mais, non content d’afficher bien haut tout le talent de ses géniteurs, For Your Own Special Sweetheart (1994) s’inscrit surtout dans la révolution qui frappe alors la communauté indépendante, constamment draguée par des majors convaincues depuis le phénomène Nirvana que les poules aux oeufs d’or pondent désormais au sein du rock alternatif. Porté jusque là par la crédibilité offerte par Dischord Records, J.Robbins et sa bande décident donc eux aussi de céder à leurs sirènes.

Séduit par sa base fan comme par son éthique de travail irréprochable, Atlantic met le grappin sur le groupe de Washington DC. Sur la route plus de huit mois par an, Jawbox assoit alors sa réputation au sein de sa propre communauté, voit quelques uns de ses morceaux en rotation sur MTV (Savory, Cooling Card) mais peine néanmoins à se faire connaitre auprès d’un plus grand public. Refroidi, le label mute le quatuor sur son sous-label TAG Recordings, sort un quatrième album éponyme (1996) moins abrasif pour mieux coller aux attentes des radios. Mais rien y fait : évoquant un manque de singles trop important, bien que Mirrorful reste un hit pour les college radios, Jawbox se voit rendre son contrat.

A la fin de la tournée qui suit, Zach Barocas décide de retourner à New York et scelle le destin de Jawbox. Suivront successivement les parcours remarqués de Burning Airlines, Channels, et Office of Future Plans, en parallèle de la carrière grandissante de J.Robbins en tant que producteur, jusqu’à la brève réapparition du groupe un soir de décembre 2009 au Late Night With Jimmy Fallon pour y interpréter Savory (video ci-dessus) et ainsi soutenir la réédition de For Your Own Special Sweetheart chez Desoto qui, trois ans auparavant, en avait racheté les droits à Atlantic. Robbins écartant alors toute idée de reformation, il aura fallu attendre dix ans de plus pour que le rêve des nostalgiques prenne vie. Ainsi, en janvier 2019, Jawbox annonçait son retour sur scène au mois de juin suivant pour une tournée américaine d’une vingtaine de dates, avant de lorgner vers l’Europe qu’il visitera à l’aube de l’été prochain. Tout en croisant fort les doigts pour que la France soit sur sa route, révisez vos classiques en parcourant la discographie de Jawbox en 10 titres. Et pas un de plus.

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