
08 Nov 19 Gang Starr en 10 titres et pas un de plus
1988, Brooklyn, Gang Starr éclot dans sa première mouture, Guru posant sur les productions de Dj 1,2 B-Down. L’affaire ne durera qu’un an avant que les deux se séparent, laissant le Mc seul, bien décidé à poursuivre l’aventure entamée par trois maxis sortis chez Wild Pitch Records. C’est là que Dj Premier le contacte : le feeling passe immédiatement et, dans la même année, un premier single (Words I Manifest) voit le jour, rapidement suivi par un premier album intitulé No More Mr Nice Guy. Porté par sa crédibilité croissante, le duo signe ensuite chez Chrysalis Records pour y sortir Step In The Arena (1991), puis Daily Operation (1992), un must have toujours encensé aujourd’hui.
Il n’en fallait pas plus pour que Gang Starr fasse la quasi-unanimité chez les critiques de l’époque. Applaudi pour le point de vue social de ses paroles, comme pour ses productions aux contours jazzy, le groupe se voit plus que jamais courtisé. Premier et Guru goûtent alors chacun à des parcours parallèles : Premier loue ses services à des figures comme Nas, KRS One, Jay-Z ou Notorious BIG, tandis que le Mc pousse plus loin encore l’affiliation hip hop-jazz en inaugurant sa série Jazzmatazz qui le voit flirter avec des pontes soul-jazz, parmi lesquels Roy Ayers, Donald Byrd, Branford Marsalis, Ronny Jordan ou N’Dea Davenport.
C’est dans ce contexte qu’en 1994, le duo – devenu un des acteurs majeurs de la Côte Est des Etats Unis – trouve le temps de publier de Hard to Earn, parenthèse aux contours plus hardcore, comme pour s’adapter à la sévère concurrence imposée par Death Row, à l’autre extrémité du pays. Une fois encore, le succès est plus que jamais au rendez-vous, confortant Dj Premier et Guru dans leurs carrières respectives, notamment le producteur qui squatte littéralement tous les albums du milieu des années 90.
Bien que de plus en plus inspiré, Gang Starr se montre naturellement moins prolifique. Il faut ainsi attendre une poignée d’années pour que Moment of Truth (1998) voit le jour, et marque un tournant artistique plus moderne dans la discographie du groupe, confirmé en 1999 par Full Clip : A Decade of Gang Starr : un best of enrichi de titres rares et inédits, dont Full Clip, ce classique qui revient immanquablement dès lors que l’histoire du genre se compile.
En 2003, Dj Premier et Guru se retrouvent à nouveau, mais la marche est trop haute pour The Ownerz, seul véritable échec commercial dans la discographie du duo. Bien que connu pour toujours privilégier l’art au business, le groupe se dissout. Dès lors, Dj Premier assoit sa patte, crée son label Year Round Records et produit pour ses artistes. De son côté, Guru poursuit ce qu’il a entamé quelques années plus tôt en sortant deux albums solo, mais avec un succès nettement plus relatif. Le 19 avril 2010, à l’âge de 48 ans, sa carrière s’interrompt tragiquement alors qu’il succombe à un cancer déclaré quelques mois plus tôt.
Neuf ans plus tard, Dj Premier cède à la nostalgie et ressuscite Gang Starr avec One Of The Best Yet, album posthume magnifiquement réussi, sur lequel il met en musique quelques a cappella inédits de son compère disparu. ‘Cet album est tout pour moi. Il s’inscrit dans la continuité de ce je voulais ne jamais voir s’arrêter. C’est un moment très spécial et émouvant. Je suis à la fois heureux, triste et excité. Ça part un peu dans tous les sens mais ce qui prend le dessus, c’est mon bonheur de refaire de la musique avec Guru‘. En effet, ses cendres dans une urne posée sur la console de son acolyte durant les longs mois de gestation de ce septième album (et très probablement le dernier), Guru a pu laisser planer son âme jusque dans les moindres recoins du studio alors que Premier était à l’oeuvre. En cette occasion, Mowno vous propose de vous replonger dans les meilleurs morceaux de cette légende à deux têtes, appelée à ne jamais s’éteindre.
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