Foals en 10 titres et pas un de plus

Foals en 10 titres et pas un de plus

De ses débuts singuliers à la reconnaissance mondiale, Foals s’est bâti une carrière admirable, une réputation solide et une base de fans qui ne cesse encore de grandir aujourd’hui. Devenu l’un des fleurons du rock britannique actuel, le groupe a su se montrer créatif et sincère au fil des années, et a pris le temps de monter progressivement les échelons, lui permettant ainsi de passer des premières salles intimistes représentatives du paysage indie aux main stages des plus gros festivals du monde. Un parcours qui aura pris un peu plus de dix ans, et qui nous aura vu suivre ce groupe ainsi que sa transformation, passant de David en Goliath au bonheur – ou au détriment – d’une partie de son public.

Signé en 2007 sur les labels Transgressive Records (pour l’Europe) et Sub Pop (pour les Etats Unis), Foals s’attelle à la réalisation de son premier album aux cotés du producteur new-yorkais Dave Sitek (TV On The Radio). Malgré quelques désaccords sur le mix final, Antidotes marque fortement les esprits et met ses auteurs en tête des révélations de 2008 au Royaume-Uni. Avec son accent math-rock et ses arrangements de cuivres, le disque fait l’effet d’une bombe grâce à son énergie équivoque et ses ambiances à la fois planantes et dansantes. Une fois la sauce prise avec leur public, les cinq garçons se penchent sur la réalisation de leur deuxième long format, celui que les conduira vers la reconnaissance de leurs pairs et de la critique.

En 2009, ces anglais originaires d’Oxford investissent donc secrètement les Svenska Grammonfon Studio de Göteborg en Suède aux cotés du producteur britannique Luke Smith. La réalisation de ce disque sera longue et éprouvante mais le résultat sera là, sublime, intelligent, ambitieux, parfait. Total Life Forever sort en 2010, et se présente pour ainsi dire comme le penchant mature de son aîné. Avec ses rythmiques envoûtantes, ses sonorités parfois tropicales, parfois aériennes, et sa profondeur inestimable, quasi divine, Foals ravive les meilleures heures des Talking Heads (mais sans plagier), et Spanish Sahara, le premier single envoyé en éclaireur, s’impose très rapidement comme un véritable hymne libérateur pour les fans. La critique est conquise et le groupe passe sans embûches l’étape souvent difficile du deuxième album.

Désormais bien vu de tout le monde, et plus ambitieux que jamais, Foals décide de passer rapidement la troisième mais ne souhaite plus seulement se cantonner à l’indie rock britannique. Non, ce que la formation veut par dessus tout, c’est jouer dans la cour des grands et conquérir un public plus large, aux Etats-Unis notamment. Pour cela, les anglais vont tourner une nouvelle page de leur histoire en signant chez la colossale maison Warner Bros Records. Résultat ? Un disque pop rock grandiloquent, où se mélangent bonnes inspirations et malheureuses sorties de virages. La réalisation est confiée à deux pontes du métier : Flood (Depeche Mode, The Killers) et Alan Moulder (Foo Fighters). Ces deux là ne font pas dans la finesse et vont malheureusement pousser le groupe vers d’évidentes facilités, avec notamment un son global totalement gonflé aux stéroïdes, et des arrangements certes efficaces mais globalement classiques, voire forcés. Malgré ces quelques tâches au tableau, le quintet parvient de temps à autre à surprendre en jouant de ses mélodies sincères dont il a encore le secret (la magnifique et intime conclusion Moon). Un troisième album en demie teinte donc, qui partagera les fans de la première heure, mais qui aura au moins le mérite de réussir son pari : imposer durablement Foals dans le paysage rock mondial.

Puis le groupe s’engouffre un peu plus dans la brèche d’une musique de plus en plus évidente, prévisible, et bourrée de testostérone quand, en 2015, il publie What Went Down, un disque enregistré dans les magnifiques studios La Fabrique, à St Remy de Provence dans le sud de la France. Encore une fois, le quintet d’Oxford ne retrouve pas les intentions spontanées et les éclats de ses débuts, mais sort un album plus conséquent et convainquant que son prédécesseur, notamment grâce à une production bien pensée, plus franche et passionnante, conduite par James Ford, la moitié du duo Simian Mobile Disco et le producteur attitré des Arctic Monkeys.

Aujourd’hui, Foals revient sur le devant de la scène et semble cette fois-ci avoir fait le choix de la prise de risque en publiant non pas un, mais deux albums en 2019 : si Everything Not Saved Will Be Lost Part 1 vient tout juste de voir le jour, la seconde partie sera publiée à l’automne prochain. En attendant, on vous propose de découvrir ou redécouvrir en musique le parcours du groupe depuis ses débuts. Comme d’habitude, en dix titres et pas un de plus.

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