10 Mar 23 Drive Blind par Drive Blind, en 10 titres et pas un de plus
Le statut culte qu’on offre à certains albums restant souvent subjectif, sur quel critère concret peut-on véritablement se fier pour l’attribuer ? Voir ses albums réédités trente ans après leur sortie figure sans aucun doute parmi les plus solides et révélateurs : c’est le signe qu’on ne nous oublie pas, que les souvenirs de l’époque restent encore assez vivaces pour régulièrement nourrir la nostalgie.
Sans cesse fermement défendue par de nombreux mélomanes rockeurs d’alors, la discographie de Drive Blind a toujours été considérée comme une des plus marquantes des années 90, contribuant pleinement à ce que la mélancolie submerge dès lors qu’on aborde la fameuse scène française de la fin du siècle dernier. Celle des nimois/montpelliérains donc, mais aussi des Portobello Bones, des Thugs, de Condense et des Burning Heads pour ne citer que quelques un de ses plus dignes ambassadeurs. Et pour cause, tous ont oeuvré avec brio pour réduire le fossé qui les séparait de leurs illustres ainés américains, qu’ils soient Sonic Youth, Nirvana, Swervedriver ou Mudhoney.
Cinq petites années et des centaines de concerts auront donc suffi à Drive Blind pour devenir intemporel. Aujourd’hui, personne ne semble avoir oublié à quel point le groupe occitan n’avait pas (ou peu) d’équivalent dès lors qu’il fallait laisser libre cours à ses inspirations bruitistes, qu’on les range du côté du punk, du grunge, du hardcore, du shoegaze ou de la noisy pop. Les chapelles, Drive Blind s’en moquait éperdument, préférant trôner au carrefour des routes menant à chacune d’elles.
Un constat que le label Head Records permet une nouvelle fois de vérifier en 2023, trente ans après la sortie du premier Ep chez Pandemonium Records, en pleine période de domination du CD. Sept ans après la réédition de son chef d’oeuvre Be a Vegetable, le même sort est enfin promis à Stop Thinking Start Fighting, Super Easy et Tropical Motion Fever, trois pièces maitresse de l’oeuvre de Drive Blind désormais agrémentées de titres rares et/ou live. C’est à cette occasion qu’on a demandé à Pierre et Jack de revenir pour nous sur les morceaux qu’ils considèrent aujourd’hui comme les plus marquants de ces trois disques, et ainsi de nous offrir l’opportunité de les écouter de nouveau, parfois d’une autre oreille.
Photos : Florence Hugot, Bertrand Richardeau
BAD MEMORIES
Stop Thinking Start Fighting (1993)
Ce morceau est un peu notre hommage au rock australien… avec un rocker australien en guest-star, s’il vous plait ! Belle énergie, une intro qui tue, et le solo de Kent Steedman. Imparable !
IT KILLS
Stop Thinking Start Fighting (1993)
Le coté pop et accrocheur de Drive Blind. Si, à l’époque, nous avions un son indubitablement contemporain, nous avons été nourris par de très nombreuses influences antérieures, notamment pop britannique, des Beatles jusqu’à…
MUCH LESS HEAVY
Stop Thinking Start Fighting (1993)
Stoner à souhait, le riff qui tue ! On l’aurait joué pendant des heures et on ne s’en est pas privé en répétition. Dommage qu’on n’ait pas fait un morceau complet. La section rythmique (dont on taira ici les noms) a manifestement baigné ses esgourdes dans les 70’s…
PEPPERMINT PARANOIA
Super Easy (1994)
Un zest de psyché 60’s dans votre verre de grunge, Madame ? Deux guitares qui sonnent de la mort, le chant à deux voix, une belle mélodie : Drive Blind 2.0 résumé en trois minutes et quatre secondes. Les lyrics évoquent un peu 2000 Light Years From Home des Stones…
THE ONE
Super Easy (1994)
À la Dinosaur Jr : mélodique, court et efficace. Et pourquoi n’aurait-on pas eu le droit nous aussi de faire des ‘love songs’, hein ? La batterie de Jean-David qui entre et dépote tout… À peine atténuée par les délicates harmonies vocales façon chant grégorien !
CLINICAL TESTS REQUIRED
Tropical Motion Fever (1994)
Même chose : mélodique, court et efficace, parfait pour un single. Le son des guitares est juste PUISSANT. Il y en a même une acoustique quelque part au milieu du foutoir (le premier qui la trouve gagne un mp3 usagé de Garlic Frog Diet) !… Très probablement un tube dans un monde parallèle, ha, ha !
TELEVISION
Tropical Motion Fever (1994)
Un thème assez visionnaire sur l’abrutissement causé par la télé. Et comment ne pas évoquer ces superbes solos de gratte de Rémi qui a vraiment pris son envol sur ce troisième disque ! Au niveau de la production, Iain ne s’était pas foutu de nous.
SAFETY TASTED
Tropical Motion Fever (1994)
Rémi au chant, un morceau avec une belle intensité, plus calme sur les couplets, et des changements de textures. Ici, chacun joue une partie différente des autres… Et la voix de Pierre sur le refrain donne carrément le frisson.
COME DOWN
Tropical Motion Fever (1994)
Le tube de Drive Blind ! Très nirvanesque on l’avoue, mais ça fait du bien. La prose est aux petits oignons, une fois de plus : qu’est-ce qu’il prend le pseudo Jesus ! Il aurait du rester sur son surf !
DON’T EXPLAIN
Tropical Motion Fever (1994)
L’avantage de faire participer tout le monde, notamment au niveau du chant, permet de créer des ambiances différentes. J’aime beaucoup la tension de ce morceau, avec un belle partition de batterie : Jean-David retombe toujours sur son rythme comme un chat alors que les deux guitares tissent une toile qui se tend et se détend…
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