06 Oct 17 30 ans de Burning Heads en 30 morceaux
A l’ère de la culture du like, des vues YouTube, de l’opportunisme et du tout tout de suite, passer les trente ans de carrière relève véritablement du miracle. Néanmoins, il a toujours soufflé du côté d’Orléans un vent contraire qui n’a fait que renforcer les Burning Heads au fil de leur existence. Pourtant, aux vues des obstacles considérables qui se sont dressés sur son parcours, le quatuor aurait pu maintes fois tout abandonner, raccrocher définitivement les guitares pour passer tous les jours le bleu de travail et qu’on ne le siffle plus jamais. Si le temps, et souvent le pathétisme allant de pair, peut donc être l’ennemi le plus farouche des musiciens les plus acharnés, force est d’avouer qu’il a finalement été le meilleur allié des Burning Heads, portés depuis leurs débuts en 1987 par cette affection éternelle qu’on lui porte, cette gratitude d’avoir importé chez nous des influences jusque-là inédites en France.
Apparus à la fin des années 80, alors que le rock alternatif battait son plein à grands coups de textes chantés en français et parfois même portés par des trompettes, les Burning Heads se sont rapidement faits les représentants locaux d’une culture à la croisée des punks américain, anglais et australien. Les rencontres et opportunités ont fait le reste : un premier album en 1992 sorti chez Fnac Music, un second (‘Dive’) en 1994, puis ‘Super Modern World’ qui, en 1996 chez Pias, soulignait pour de bon l’identité d’un groupe qui laissait poindre un engagement politique plus affirmé, et dont les influences ne se résumaient finalement pas au punk rock pur et dur. Reggae et musiques électroniques ont alors fait leur apparition dans les morceaux, avec toujours assez de finesse et de subtilité pour que jamais son appartenance à la scène ne soit remise en question.
La fin des années 90 furent pour beaucoup le théâtre de l’apogée des Burning Heads. Signé chez Epitaph Europe dans l’écume du tsunami Offspring qui a déferlé quelques mois avant sur la planète rock, le groupe a soudainement gagné en médiatisation comme en crédibilité, et s’est vu ouvrir en grand, et pour de bon, les routes d’Europe qu’il arpentait déjà beaucoup, et d’Amérique du Nord, plus nouvelles pour lui. Par la même occasion, les orléanais sortaient coup sur coup ce que beaucoup considèrent encore aujourd’hui comme leurs meilleurs albums (‘Be One With The Flames’ en 1998, et ‘Escape’ en 2000), sans en vendre assez pour que le mythique label californien désire poursuivre l’aventure. Et à la surprise générale, c’est en major, chez Yelen (label Sony Music), que les Burning Heads, auréolés d’un esprit DIY indéfectible, ont rebondi. D’abord avec ‘Opposite’ (2001), un album déclinant leur vision du reggae, avec ses variantes dub, electro et jungle, puis avec ‘Taranto’ en 2003 marquant un retour au punk mélodique décliné dix ans plus tôt.
Sonné par la mise à l’écart de son interlocutrice Yelen, le groupe inaugurait alors le deuxième grand chapitre de son existence : l’indépendance totale, le Do It Yourself le plus poussé avec la création de son propre label Opposite Records. Dos au mur, les Burning Heads se sont alors affichés sans concession dans leurs nouvelles compositions (‘Bad Time For Human Kind’, 2006), ont offert un second volet plus expérimental à leur album reggae (‘Opposite 2’, 2007), puis louché ouvertement vers le street punk anglais (‘Spread The Fire’ en 2009 et ‘Hear This’ en 2011), jusqu’au dernier double album en date, ce ‘Choose Your Trap’ (2014) dont le coeur balance entre punk et reggae.
Des contrats rendus aux difficultés de devoir survivre seul dans un environnement en perpétuelle évolution, en passant par quelques changements de guitariste qui n’ont pas manqué d’influencer le son de certains albums, les Burning Heads ont toujours réussi à trouver force, plaisir et motivation à multiplier les albums (14 en tout), chaque fois prétexte à repartir de nouveau bouffer les kilomètres. Inusables malgré la cinquantaine au compteur, c’est d’ailleurs ce qui fera l’actualité des quatre ces prochaines semaines. Au-delà de la réédition de ‘Be One With The Flames’ et ‘Escape’ chez Effeverscence, le groupe vient d’entamer une tournée de 30 concerts à travers le pays pour fêter 30 ans d’activité, l’occasion pour lui de croiser le fer avec de fidèles compagnons de route plus ou moins jeunes. L’occasion pour nous aussi de déroger à la règle des 10 morceaux, et de pousser pour une fois jusqu’à 30. Etant donné la matière, le jeu en valait bien la chandelle.
Photos : Loic Warin
11.10 – DIJON – Le Consortium
12.10 – NANCY – Festival NJP
13.10 – GENEVE (CH) – L’Usine
14.10 – BULLE (CH) – Ebullition
19.10 – BORDEAUX – Barbey
20.10 – ORLEANS – L’Astrolabe
21.10 – SAINT LÔ – Le Normandy
22.10 – VAL D’AJOL – Chez Narcisse
24.10 – TOULOUSE – Le Bikini
25.10 – LIMOGES – CC John Lennon
26.10 – LA ROCHELLE – La Sirène
27.10 – LE MANS – L’Oasis
28.10 – NANTES – Ferrailleur
02.11 – GIGORS – CBGC’s
03.11 – ANNECY – Le Brise-Glace
04.11 – TULLE – Ô les Chœurs
10.11 – WATTRELOS – B. à Musique
11.11 – COLMAR – Grillen
22.11 – LYON – Le CCO
23.11 – FORCALQUIER – Salle M.
24.11 – TOULON – L’Omega Live
25.11 – ARLES – Le Cargo de Nuit
26.11 – MONTPELLIER – Black Sheep
29.11 – BREST – Le Vauban
30.11 – NIORT – Le Camji
01.12 – PARIS – La Maroquinerie
02.12 – BOURGES – Le Nadir
No Comments