19 Nov 18 Playlists – Le folk à tous les temps
Parce que s’attaquer à l’histoire du folk est une montagne à franchir, nous prendrons quelques raccourcis et passeront sur ses prémices de l’entre deux guerres, lorsque le terme était utilisé pour qualifier une musique anglophone populaire plus ou moins traditionnelle. Ce qui nous intéresse débute un peu plus tard, lors de sa renaissance du début des années 60 sous l’appellation folk rock, quand l’instrumentation acoustique s’imprégnait de l’esprit aussi rebelle que contestataire du rock n’roll.
Là, Jon Baez, Leonard Cohen (photo ci-dessous à gauche) et Bob Dylan – qui introduisit rapidement des sonorités électriques à ses compositions – furent parmi les premiers à défendre cette nouvelle approche d’un folk toujours aussi simple et sobre, et à ponctuer leur poésie réaliste de revendications politiques et sociales souvent héritées de la génération beatniks qui les a précédés. The Byrds, The Band, Neil Young (photo ci-dessous au centre) et de nombreux autres prendront ensuite le train en marche, ajoutant eux aussi leur pierre à la défense de diverses causes, principalement civiques ou pacifistes en pleine guerre du Vietnam. Sans tarder, le phénomène touche alors la Grande Bretagne sous l’impulsion de Fairport Convention (photo ci-dessous à droite) notamment, qui voit dans l’électrification du folk un moyen de toucher un public beaucoup plus large et de faire entendre son message au plus grand nombre. Dès lors pourtant, et progressivement jusqu’à la fin des années 70, comme perdu au milieu des nouvelles velléités d’artistes partagés entre désirs rock, country et psychédéliques, le folk se dissipe considérablement mais son influence perdure dès lors que l’acoustique domine.
Les années 80 passées, et avec elles des moyens de production nouveaux encore trop peu assimilés, c’est durant la décennie suivante que le genre retrouve de sa superbe grâce à une nouvelle génération de songwriters venus du rock, mais fortement influencés par le folk et la country. Parmi eux, Ani DiFranco, Elliott Smith et Will Oldham font figures de précurseurs en prouvant que le retour aux sources ne signifie pas forcément un renoncement créatif, et ouvrent la voix à d’innombrables groupes incarnant l’indie folk : un énième dérivé qui se distingue par des compositions nettement plus complexes, lyriques et harmoniques que celles de leurs aînées. Mais c’est durant les années 2000 que ce mouvement va prendre une ampleur considérable, afficher toute sa diversité, et faire définitivement le lien entre les communautés folk et rock traditionnel.
Alors, grâce au soutien de labels comme Sub Pop mais aussi de producteurs comme Rick Rubin, de nombreux artistes et groupes référents font leur apparition et mettent à mal les repères d’une génération grunge peu habituée aux chansons épurées, ou les paroles comptent autant que la musique. Dès lors, chacun de leur côté de l’Atlantique et frappés de leurs particularités, Conor Oberst, Fleet Foxes, M.Ward, Bonnie Prince Billy, Daniel Johnston, Bon Iver (photo ci-contre) se font les nouveaux ambassadeurs du folk américain, tandis que Badly Drawn Boy ou Laura Marling ressuscitent l’approche anglaise une fois la britpop essoufflée, et que Syd Matters, Herman Dune, H-Burns et autres compatriotes recommandables font preuve d’aucun complexe face à leurs homologues anglophones.
Appelé à survivre aussi longtemps que l’acoustique aura raison d’être, le folk n’a finalement pour seul ennemi celui qui l’instrumentalise. Ainsi, entouré de clichés spirituels ou vestimentaires, le genre fait régulièrement sa (mauvaise) propagande au fil de spots publicitaires matraqués ou de synchronisations peu inspirées, là ou les plus talentueux de ses ambassadeurs ne sont malheureusement pas les plus représentés. Parce que le folk est finalement partout autour de nous, il était temps de retracer son historique et de rendre hommage à ses plus fidèles serviteurs. Voici donc 200 titres pour (re)parcourir l’histoire de cette musique boisée, du début des années 60 jusqu’à aujourd’hui.
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