22 Sep 23 50 ans de hip-hop en 5 playlists
Il y a maintenant plus de 50 ans, le 11 août 1973, Dj Kool Herc – accompagné de sa soeur Cindy – organise une fête dans la salle de jeux d’un immeuble du quartier new-yorkais du Bronx. Âgé de 18 ans, cherchant à faire danser les gens, le jeune jamaïcain emprunte la sonorisation de son père, et joue simultanément le même disque sur deux platines en répétant, en vas-et-viens, leurs passages les plus dansants. Ces breaks, comme on les appelle, tous tirés de disques funk et soul, resteront à jamais les préceptes du deejaying, l’une des catégories artistiques définissant le hip hop.
D’abord marginale et très largement plébiscitée par la population noire, cette musique urbaine – car essentiellement originaire des quartiers populaires – devient progressivement une force culturelle redoutable. Et pour cause : en donnant la parole aux populations marginalisées, en servant de bande son aux danseurs, en inspirant les graffeurs, puis en changeant durablement la façon de faire de la musique, le rap se répend comme une tâche d’huile à travers le globe. Sans cesse enrichi par de nouvelles voix, il est maintes fois révolutionné au fil de générations qui se l’approprient tour à tour, qui l’immiscent dans les moindres recoins de notre société, jusqu’à lui offrir une résonance significative sur le terrain politique et social.
Ainsi, dans la foulée des précurseurs que furent Sugarhill Gang, Grandmaster Flash & The Furious Five ou Afrika Bambaata, les Run DMC, Public Enemy ou Beastie Boys contribuent à le démocratiser, en l’enrobant d’engagement politique pour certains. Puis le Golden Age prend le relais et fait de New-York la place forte du rap. De la fin des années 80 au milieu des années 90, beaucoup de ses premières légendes éclosent. Notorious BIG, Nas ou le Wu-Tang Clan, reconnus pour leur talent d’écriture, font face aux rivaux californiens gangsta-rap que sont Dr Dre, Snoop Dogg, et 2Pac, pendant que De La Soul et A Tribe Called Quest s’emparent de la frange alternative de l’époque en incorporant des sonorités jazz à leurs productions. Mais c’est grâce au premier opus de Lauryn Hill, en 1999, que le hip hop commence à jouir d’une reconnaissance allant bien au-delà de son seul public. Dès lors, le rap s’accorde également au féminin, tandis qu’Eminem, sous la houlette de Dr Dre, prouve de son côté que les blancs savent aussi rapper. À leur tour, 50 Cent, Jay-Z ou Busta Rhymes poursuivent le travail et ouvrent la voie à une évolution qui mènera le rap mainstream jusqu’aux frontières de la pop music. Outkast y trouve son compte, suivi plus tard par une lignée d’artistes innovants comme Kanye West, Drake, Tyler The Creator et Kendrick Lamar dont le talent est reconnu par tous les amateurs de musique, et dont l’ouverture d’esprit gomme toutes considérations de chapelles.
La force du hip hop ? Celle d’avoir su se mettre à la portée de tous. Sans conteste, en s’ouvrant à des artistes ne sachant ni chanter ni jouer d’un instrument, mais avides de réciter de la poésie ou de simplement partager leurs pensées et engagements, le rap ne s’est mis aucun obstacle sélectif sur sa route, jusqu’à être considéré comme un moyen de communication comme un autre. Tout cela non sans inconvénients : on ne compte plus les polémiques, les batailles juridiques qui ont ponctué son histoire, ses diatribes envers la société, la police ou certains représentants politiques qui lui ont parfois valu d’être censuré, ses faits divers – parfois sanglants – qui ont fait sa légende.
Aujourd’hui, que ce soit dans les médias, la mode ou le sport, le hip hop est partout, pèse des milliard. Le rap, lui, ne quitte plus les radios et playlists les plus suivies des plateformes de streaming, et accumule les récompenses. Le public se déchire et débat à tout rompre dès lors qu’il faut élire les meilleurs de la catégorie. De fait, les playlists que vous découvrirez ci-dessous, retraçant 50 ans de hip-hop, proposent des sélections subjectives, des titres qui nous sont chers, qu’ils soient parmi les classiques ou pépites underground méconnues. Surtout, elles reflètent la richesse infinie d’une musique longtemps enfermée dans ses clichés, devenue plus prépondérante qu’aucune autre.
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