Rest Up – ‘Real Sensations’

Rest Up – ‘Real Sensations’

  • 01 - HARMATTAN - REST UP - Real Sensations
  • 02 - TOO LATE TO CALL - REST UP - Real Sensations
  • 03 - ACCUTANE - REST UP - Real Sensations
  • 04 - DAMAGE - REST UP - Real Sensations
  • 05 - POL'S GUITAR - REST UP - Real Sensations
  • 06 - CAUSEWAY - REST UP - Real Sensations
  • 07 - WEEKEND GIRLFRIEND - REST UP - Real Sensations
  • 08 - HOLD ME TIGHT - REST UP - Real Sensations
  • 09 - 66 - REST UP - Real Sensations
  • 10 - REAL SENSATIONS - REST UP - Real Sensations
  • 11 - STALL - REST UP - Real Sensations
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INFOS
REAL SENSATIONS
Nouvel album disponible le 26 septembre
chez Exag’ et Le Cèpe
>> PRÉCOMMANDE <<
CONCERTS
20.09 – MORTHOMIERS – Fest l’Automne de Morthomiers
09.10 – PARIS – Mécanique Ondulatoire
15.10 – PARIS – MaMA Festival
07.11 – ANGERS – Chabada (+ Fragile)
EN SAVOIR PLUS
CHRONIQUE

Il y a quelque chose qui semble tenir de l’urgence chez Rest Up. Tout va très vite avec ces jeunes gens, mais rien n’est bâclé, les étapes étant franchies avec manifestement une conscience claire de la direction à suivre. Le premier EP des Angevins, Where Is Jackson? en 2022, avait le charme des débuts ; le second, It Was Summer en 2023, montrait une personnalité en construction, révélant déjà un fort potentiel s’exprimant par de sérieuses et intrigantes ambiguïtés. Real Sensations, seulement quatre ans après la formation du groupe, est ce premier album qui définit avec fermeté et précision les contours d’une identité musicale, concentrant ainsi toutes ses capacités pour mieux les réaliser avec un maximum d’efficacité.

Le bond en qualité, on peut le dire, est franchement impressionnant. Est-ce le fait de s’être exilé à l’Echo Zoo Studios d’Eastbourne, en Angleterre, et donc en quittant ses terres d’origines, familières et réconfortantes, d’avoir été dans l’obligation de se trouver soi-même dans la confrontation à l’altérité ? Toujours est-il que le séjour anglais, en compagnie du bassiste de Gilla Band, Daniel Fox, dont on ne finit pas d’admirer la cohérence et la pertinence des productions, a littéralement métamorphosé le groupe. Celui-ci a véritablement fendu l’armure pour passer du stade de formation en devenir à celui de collectif mature, cochant de façon assez stupéfiante toutes les bonnes cases pour réaliser un premier coup de maître.

La pochette, déjà, montre que l’on a affaire à des gens de goût. Celle de It Was Summer, dans sa sobriété formelle, était déjà réussie. Celle de Real Sensations, que l’on doit à Marie Lesieur & Ivan-Vassili Chamaillard, va plus loin en parvenant à associer de façon significative les formes abstraites et une certaine économie de couleurs au propos musical de Rest Up. Ce qui ressemble à des traces d’écriture délavées, comme s’évanouissant, contraste avec les grandes figures géométriques, tranchantes dans leur triangularité, à la manière d’éclats de vitres brisées. On a là une parfaite analogie avec ces plages mélancoliques et en apesanteur – que l’on retrouve sur le très beau Weekend Girlfriend ou sur le plus inquiet Stall – d’où fuient ou, au contraire, se fracassent les grandes vagues puissantes de bruits électriques. Des blocs de guitares massifs, tantôt réguliers (66), tantôt s’accélérant dangereusement (Too Late To Call, Accutane, Damage), augmentant de façon continue la tension, sans que l’on ait jamais l’impression que cette énergie accumulée échappe au contrôle des musiciens, y compris lorsque ceux-ci basculent avec une détermination farouche du côté du hardcore (Real Sensations). Le noise/art rock à la Sonic Youth ou Gilla Band est ici contrebalancé avec un sens de l’équilibre assez bluffant par des accents aériens orientés dream pop, ou bien par de belles mais angoissantes nappes synthétiques lorgnant du côté de la cold wave.

Tout ce qui était en gestation sur It Was Summer parvient à sa forme achevée sur Real Sensations : l’agressivité ne semble plus simplement être une réaction à la frustration mais un moyen d’affirmer consciemment et intentionnellement sa propre volonté ; les tendances à la rêverie ne conduisent plus à la dispersion de l’attention, mais laissent se développer une forme étrange de tendresse inquiète, montrant de quelle manière la dimension anxiogène du monde extérieur impacte les aspects les plus délicats de la sensibilité. Cette canalisation rigoureuse des émotions se constate également dans la voix, crédible dans ses accès de violence comme dans ses manifestations les plus douces, montrant de cette manière exactement qu’elle sait ce qu’elle veut.

Ce n’est pas la moindre des réussites de Real Sensations que de concilier les moments où déferle, puissante et compacte, la houle électrique avec ceux offrant des accalmies où cohabitent parfois des émotions contraires. Cette tension est permanente, signifiant douloureusement que le repos ou la quiétude sont simplement désirés ou, dans le meilleur des cas, approchés, mais que tôt ou tard la brutalité du cours des choses se rappellera à nous. C’est ce qui donne à ce disque son ampleur et sa crédibilité dramatique. Mais il ne s’agit pas simplement d’impressionner en multipliant les effets pour marquer les contrastes, l’objectif est également de séduire par la mélodie et, sur ce point, le songwriting du trio s’est hissé à un niveau de qualité assez remarquable. Hold Me Tight, Pol’s Guitar et son démarrage à la Radiohead, ou les déjà cités Too Late To Call et Weekend Girlfriend sont autant de joyaux s’imprimant avec force dans les mémoires.

Simon Chevalier (chant, guitare, synthétiseur), Hugo Briollet (batterie), Hippolyte Brochier (choeurs, basse, synthétiseur), les trois de Rest Up, nous présentent avec Real Sensations leur manifeste. Une déclaration d’intentions franche et sincère, par laquelle ils assument avec conviction et maîtrise leurs inquiétudes et leurs colères, tout en chérissant leurs fragilités et leur désir de tendresse. La relève de la jeunesse, lucide mais pleine d’espoir.

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