Girls, The XX, Hockey… Sommes nous les cons du buzz?

Girls, The XX, Hockey… Sommes nous les cons du buzz?

Le 28 septembre prochain, atterriront dans les bacs à disques trois des nouvelles coqueluches du rock indépendant. Comme toujours pour les groupes sans histoire, la presse écrite comme les télés s’en emparent, multiplient les qualificatifs, les encensent jusqu’à penser qu’ils soient capables de sonner la révolution, de devenir les grands pontes musicaux des années futures. Voici pourquoi, sans qu’il y ait forcément arnaque sur la marchandise, le buzz qui entoure Girls, The XX et Hockey est parfois à prendre avec des pincettes.

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“Mind Chaos”

Venu tout droit de Portland, Hockey a suivi à la lettre le manuel du petit groupe voulant devenir grand. Passé par les festivals les plus influents (SXSW, Lollapalooza, Sasquatch, Bonnaroo…) comme par les premières parties des formations les plus en vue du moment (Friendly Fires, MGMT, Passion Pit, Fleet Foxes, The Killers…), le quatuor aura su mettre dans sa poche un large public comme les plus importantes maisons de disque, séduites par les premières étincelles d’un groupe qu’elles auront d’abord laissé seul débroussailler son chemin vers le succès. En effet, “Mind Chaos” était déjà sorti de manière très obscure en 2008, et se voit aujourd’hui remixé et remasterisé pour une ressortie digne de ce nom chez Capitol, qui n’a désormais plus qu’à finir le boulot. Définitivement taillé pour la grosse industrie, ce disque déborde de tubes capables d’alimenter les playlists radio (les totalement inoffensifs “Song Away”, “Wanna Be Black” et “Put The Game Down”), mais ne présente aucune innovation capable de convaincre un public adulte et exigeant, aguiché malgré lui par les sirènes du marketing qui auront pris le risque de présenter la musique de ces quatre mioches comme une rencontre entre The Kooks et LCD Soundsystem. Les premiers incarnant tout ce qu’il y a de plus lisse au sein de la scène rock, les seconds, maintes fois plagiés, n’ayant jamais laissé quiconque venir leur chatouiller les chevilles, les choses ne partaient déjà pas de la meilleure manière. Démonstration sur “3 AM Spanish”: Hockey a beau s’inspirer des rythmiques des new yorkais, il accroche péniblement la mention passable, comme sur “Learn To Lose” qui flirte avec les abysses d’un disco funk totalement has been. Et les exemples ne manquent pas pour enfoncer le groupe ou le faire rapidement descendre de son piédestal. “Mind Chaos” ne vaut donc qu’à petite dose, que pour son imparable single “Too Fake”, et la belle sensibilité pop du final “Everyone’s The Same Age”. Encore faudra t-il avoir la patience d’attendre jusque-là, quand la majorité des titres précédents, tous plus cul cul les uns que les autres, seront entrés par une oreille et ressortie par l’autre.


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thexx
THE XX
“XX”

C’est de l’autre côté de l’Atlantique, à Londres, qu’il faut aller chercher l’autre soit disant “next big thing”. The XX, soit quatre gosses d’à peine vingt ans, déroulent un voile noir sur une scène anglaise à peine remise de la vague fluo qui a remué toute la scène musicale il y a trois ans. Leur histoire est elle aussi des plus banales: copains d’école, ils s’adonnent à l’exercice de la reprise, notamment celles des princesses RnB qui polluaient déjà les ondes adolescentes il y a une poignée d’années. Aaliyah, TLC, Destiny’s Child, puis plus tard Queens Of The Stone Age, The Cure et Placebo, auront donc fait la culture musicale de ce quatuor revendiquant aujourd’hui faire le pont entre le mainstream et une autre scène beaucoup plus pointue, tout en ne laissant jamais vraiment ressurgir ses premières influences. D’abord confié à Diplo, éminent producteur electro et hip hop, “XX” aura finalement été scellé par le groupe lui-même, désireux de vouloir sonner comme il l’entendait, soit comme un groupe actuel élevé à la musique d’une autre époque. Car si The XX sont jeunes, ils n’en savent pas moins ce qu’ils veulent. Proche de The Kills comme de The Horrors, le quatuor propose un premier album surprenant tant il est calme, mélancolique, sonne minimaliste, et transpire la féminité via la dualité de son chant. Tout le contraire de ce que cette pochette, sobre et brute à la fois, pouvait laisser penser. C’est donc au bout de quelques écoutes répétées que ce premier album touche par la beauté noire de ses compositions, de l’intro dévoilant un savoir faire rythmique efficace jusqu’au terme de cette enfilade de jolies chansons tristes et froides (“VCR”, “Crystalised”, “Basic Space”). The XX n’ont pas de grandes voix, ne déploient pas la force pour remédier au manque, et font simplement de leurs défauts leurs plus belles qualités. Un buzz mérité, mais à éviter à tout prix si vous avez déjà la corde au cou. L’hiver anglais sera assurément rude et glauque.


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girls
GIRLS
“Album”

Tout le contraire de San Francisco d’où vient le dernier larron, l’ultime prétendant d’une rentrée rock indé en grande pompe. Girls incarne parfaitement la musique soixante huitarde de sa terre natale, soit une pop légère baignée du soleil de la Bay Area. Sorte de Beach Boys à la sauce lo-fi, le duo semble vouloir en tous points prolonger le temps de la naïveté adolescente, quand on aime se délecter des odeurs d’herbe fraîchement tondue… ou fumée, que douleurs sentimentales et désirs en tout genre viennent régulièrement alimenter les conversations. Shoegaze, surf pop des années 50 et psychédélisme de la décennie suivante se sont donc donnés rendez vous tout au long des douze titres de ce premier album, desquels se dégage une attitude punk Do It Yourself, background partagé par Christopher et JR. Ainsi, la musique de Girls sonne authentique (“God Damned”), bien loin des productions lisses que le genre propose régulièrement, et dépose derrière elle quelques pépites éclatantes bien que plus ou moins enjouées, parmi lesquelles “Lust For Life”, “Laura”, “Hellhole Ratrace”, et “Summertime”… Seulement, le dilettantisme du duo le fait aussi tomber dans une certaine inégalité – “Headache”, “Lauren Marie”, et “Curls” notamment, entament un peu la cohérence du tout – qui lui sucre in extremis ce statut de grande révélation que beaucoup lui accordait déjà à la seule force de quelques très bons titres.


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8 Commentaires
  • ben
    Posté à 22:02h, 21 septembre Répondre

    convaincu par XX par contre Girls et Hockey, bof…

  • M.B
    Posté à 05:59h, 23 septembre Répondre

    D’accord avec toi , mettons le hola au playlist à la grand journal. Je n’ai pas été convaincu par ces trois groupes dont j’avais moi aussi entendu parlé comme The révelation du second semestre 2009.
    Par contre, en nouveauté, j’ai bien aimé ça :
    http://anotherwhiskyformisterbukowski.unblog.fr/2009/09/13/clip-du-dimanche-soir-espoir/
    et moi je pense que la révélation 2009 c’est We are enfant terrible !! :
    http://www.weareenfantterrible.com/

  • youl
    Posté à 12:06h, 23 septembre Répondre

    Moi, je n’ai pas compris le buz autour de girls. C’est plutôt mauvais non?

  • Samy
    Posté à 07:51h, 24 septembre Répondre

    En pleine écoute de l’album de The XX, c’est plutôt bon au premier abord. Effectivement moins convaincu par les deux autres.

  • zitoun
    Posté à 16:56h, 25 septembre Répondre

    The xx faut voir , pas dégueu à la première écoute , le reste bof bof tout en restant gentil , je pousserais quand même à dire que Girls est tout bonnement insupportable …. 10 seconde d’écoute grand max après les dommages sont irréversible…..

  • ninocaster
    Posté à 11:04h, 30 septembre Répondre

    we are enfant terribles, révélation : aah ah ahaha aagh !
    Tu fais parti du groupe non ?

    sinon n’est-il pas facile de relativiser la hype et ajustant le curseur de trois niveaux en dessous des dithyrambes écrites au moment de l’écoute de ces albums ?

  • Samy
    Posté à 06:43h, 02 octobre Répondre

    Après plusieurs écoutes je peux dire que je suis bien fan de The XX perso.

  • youl
    Posté à 10:02h, 02 octobre Répondre

    J’affirme haut et fort.

    “Mon Dieu, Girls,c ‘est vraiment de la merde”
    C’est navrant comme c’est pourri.

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