Steve Albini rentre dans le lard de Sonic Youth

Steve Albini rentre dans le lard de Sonic Youth

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Steve Albini a l’air remonté comme une pendule. Est-ce la faute de Tim Midgett (Silkworm, Bottomless Pit) qui déclarait récemment – à tort – que son studio Electrical Audio de Chicago frolait la faillite? Toujours est-il que dans une interview donnée à GQ, magazine de mode masculine outre Atlantique (sic), le frontman de Shellac est monté au créneau, et Sonic Youth a été de ceux qui en ont pris le plus pour leur grade. Entre autres, car au rang des victimes, on compte aussi le milieu de la mode, et le magazine lui-même. Extraits.

A propos de Sonic Youth…

Je ne connais pas les circonstances exactes qui ont poussé Sonic Youth à signer sur une major, donc je ne suis pas forcément le mieux placé pour dire qu’ils ont eu tort. Mais toutes les choses auxquelles ils ont contribué en prenant part au mainstream ont été d’assez mauvais goût. Et toutes les choses qui sont nées de leur collaboration avec la grande industrie de la musique n’a fait que donner de la crédibilité à toutes ces notions incensées qui tournent autour de la fabrication de stars. J’ai trouvé tout cela offensant, et je l’ai interprété comme une capitulation, une corruption d’une scène musicale valable et bien huilée. Sonic Youth a fait le choix d’abandonner pour devenir un modeste groupe mainstream plutôt que d’être un groupe indépendant à succès, qui aurait pu utiliser ses ressources et son influence pour étendre ce côté-ci de la culture. Ils ont choisi de rejoindre la culture dominante et de devenir ainsi son éclaireur. J’ai trouvé cela grossier, et que ca ne leur correspondait pas. Je les considère toujours comme des amis, et je pense que leur musique a sa propre intégrité. Mais je reste persuadé qu’ils devraient être embarassés par ce choix de carrière.

Si Sonic Youth n’avait pas agi ainsi…

Je pense que ce que Sonic Youth a fait, c’est inciter des gens sans aspiration et sans ambition à rejoindre l’industrie musicale dominante. Ils ont laissé croire des enfants qu’ils seraient peut être un jour des rock stars, et donc ont participé au fait que beaucoup d’entre eux aient fait des choix de carrière stupides. C’était une période ou la scène musicale devenait assez horrible, il y avait beaucoup de parasites, comme des avocats et des manageurs. Il y avait beaucoup de gens qui vivaient sur le dos des groupes, alors que c’étaient ces groupes qui faisaient tout le travail. Si Sonic Youth n’avait pas fait ce choix, je ne sais pas ce qui serait arrivé, mais je pense que ca a déprécié la musique, en quelque sorte. Cela a fait un vide, tâché la culture musicale, et a été une mauvaise influence.

Quand GQ lui demande quelle est sa mode à lui…

Je pense que la mode est répugnante. L’idée générale de quelqu’un d’autre pouvant fabriquer des vêtements qui soient stylés et qui améliorent le paraître d’autres personnes est ridicule. Ca me rend malade qu’il puisse exister une industrie qui soit fondée sur le peu d’estime que la population peut avoir d’elle-même. Je voudrais que le secteur de la mode s’effondre. Je pense qu’il repose beaucoup trop sur les aspects les plus superficiels et dangereux de la nature humaine. J’espère qu’un magazine comme le vôtre (GQ, ndlr) n’aura, un jour, plus de raison d’être. J’espère que tous ces gens qui vivent de leur apparence soient un jour forcés à faire quelque chose qui ait plus de substance. Au moins, la pornographie, elle, a une fonction.

A qui le tour?


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