Ghinzu au resto japonais

Ghinzu au resto japonais

On a attendu le retour de Ghinzu pendant quatre longues années, pendant lesquelles on n’a jamais cessé de revenir sur le chef d’oeuvre “Blow”. En 2009, les Belges font leur come back avec “Mirror Mirror”, un pavé dans la mare des albums rock conventionnels, et en profitent pour encore passer un nouveau cap. Un mois après un Bataclan complet avant même la sortie du disque, Ghinzu était de nouveau de passage dans la capitale pour le concert privé d’une célèbre radio parisienne. L’occasion inmanquable de les rencontrer et d’en savoir plus. A l’heure ou la pression retombe après un soundcheck chaotique, c’est dans un restaurant japonais non loin du Divan du Monde qu’on a eu le temps de poser nos questions à John Stargasm, le plus dandy des Belges, et leader charismatique du groupe.


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L’INTERVIEW EN INTEGRALITE

Quatre ans sont passés depuis la sortie de «Blow» votre précédent album, ce qui reste un laps de temps assez long. Qu’avez-vous fait pendant tout ce temps?

John Stargasm: On a pas mal tourné avec «Blow» qu’on a sorti dans plusieurs pays. Deux ans et demi de tournée, on est revenu à la maison, on a pris un bain… Une douche plutôt… Composer, écrire d’autres chansons, retourner en studio, y passer beaucoup de temps… Et puis, voilà quatre ans, c’est rien.

Vous avez aussi quitté Atmosphériques, dont vous vous disiez extrêmement satisfaits, pour Barclay…

Atmosphériques s’est fait diluer, certains groupes ont été remercié et d’autres sont restés dans le giron d’Universal qui en a toujours été actionnaire… Je ne savais pas que c’était une interview pour une revue économique… Donc, ils ont insisté pour qu’on reste chez eux et Barclay nous a été proposé.

Votre dernier Bataclan parisien affichait complet bien avant la sortie de «Mirror Mirror». Comment expliquez vous que le public Français vous soit autant fidèle, et après une si longue absence, à l’heure ou la musique est vite consommée?

Je ne l’explique pas vraiment. Je pense que «Blow» était un bon album, c’était un disque très engagé musicalement avec lequel on peut toucher pas mal de gens, et créer un certain univers. J’ai l’impression que beaucoup de gens ont été touché par l’album précédent, sont à la recherche de ce type de musique, et des sensations qu’on a pu leur procurer.

Selon toi, «Mirror Mirror» est-il un album concept? Doit-il être abordé comme un opéra rock comme certains le disent? N’est-ce pas simplement un album de pop profondément inspiré?

Pop, je ne pense pas. Je pense que ça reste quelque chose de plus ou moins rock, même si on est très loin des murs de distorsion des années 90. Mais il y a une partie dans l’album qui peut faire penser à un opéra rock, avec trois morceaux mis en un, un peu poussés à l’extrême, façon kitsch un peu malsain avec une ambiance toujours racaille de luxe. J’ai moi-même été un fan de Queen notamment…

Sérieusement? Parce qu’on ressent vraiment cette influence dans l’album?

J’ai toujours adoré ce groupe. Le premier disque que j’ai écouté était un Elvis Presley que mon père avait. Il m’a fait écouter l’album et s’est mis à danser. Quand tu as trois ou quatre ans, que tu vois ton père comme ça, grand, en train de danser, tu te dis «oh my god! Il est vivant». Et le premier disque que j’ai acheté, c’est «Killer Queen», un double live de Queen à la fois mélodique et avec des côtés parfois plus rentre dedans. J’ai toujours écouté de tout, mais il y a peut-être un petit clin d’œil à Queen dans «Mirror Mirror». Comme à Soulside que j’ai aussi beaucoup consommé. Je ne dirais donc pas que c’est un album concept, je pense que ce nouvel album a différentes facettes, avec cette trilogie à un moment donné.

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Ce nouvel album aligne des titres beaucoup plus énergiques que par le passé. D’où vous est venu cette volonté? Y avait-il une aussi une volonté de tailler cet album pour le live?

Non, je crois que l’idée était de faire un rock qui nous ressemble, et qui s’inscrive dans notre époque. On est rentré dans quelque chose d’assez minéral, d’assez épuré. On est aujourd’hui abreuvé de loops, de sampling, de beats extrêmement bien définis, de voix avec de la reverb. Là, le but était de faire une musique organique qui s’inscrive dans l’époque actuelle. C’est comme ça qu’on voit le rock.

Le premier single travaillé est différent en Belgique («Cold Love») et en France («Take It Easy»). Pourquoi?

Je pense que «Cold Love» est un single qu’il faut pour revenir. Après, les avis divergent en France, et nous, on n’est pas là pour apprendre aux gens leur boulot…

Ce n’est pas vous qui avez choisi?

Non, pour moi, cela aurait du être «Cold Love», sans l’ombre d’une hésitation parce que je trouve que c’est plus novateur, très représentatif de l’esprit de l’album, avec une structure aux allures classiques mais qui ne l’est pas vraiment, c’est concis. J’aime beaucoup ce morceau, mais ce n’est que mon avis…

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Vous êtes plutôt du genre à vous embarquer dans des tournées éprouvantes. Quel est votre secret pour tenir le coup?

Si tu veux, c’est comme dans Asterix et Obelix ou il y a cette espèce de petite potion magique. On en prend aussi, comme les Gaulois. On est des Gaulois…

Il paraît que vous avez refusé de tourner aux Etats-unis au moment de «Blow». C’est couillu comme décision…

Couillu, oui et non. Les Etats Unis, ce n’est jamais gagné, et on a refusé le fait d’essayer pour la simple raison qu’il y a eu pas mal de temps entre les deux albums, avec déjà deux ans et demi de tournée. Là, on repartait pour un an avec trois cents dates… On était à une période où on en avait assez de convaincre les gens, on voulait se convaincre nous-mêmes qu’on avait envie de faire un autre album. C’est le revers de la médaille pour les groupes en développement qui n’ont pas une sortie simultanée. Nous, c’est à la guerre comme à la guerre, territoire par territoire, jusqu’à ce qu’il y ait assez de filles bien roulées qui aiment notre musique pour qu’on puisse changer de pays.

Il y a quelque temps à la télé française, vous disiez ne plus très bien savoir si vous étiez musiciens ou acteurs. Les choses se sont-elles éclaircies depuis?

On dit plein de choses en interview, on n’est pas préparé pour cela. Si ça ne tenait qu’à moi, je proposerais un album, un clip, un artwork, en disant voilà ce qu’on est, voilà ce qu’on fait. C’est toujours plus compliqué de l’expliquer. Je crois qu’il y a une certaine schizophrénie dans le groupe, dans la musique, dans les personnes qui font le groupe. Je ne sais pas si «acteur» est le bon mot. Ce qui est clair, c’est qu’on n’est pas des grands musiciens et on y va quand même à l’énergie. Mais au moment où on joue, il y a clairement quelque chose qui s’installe et qui fait qu’on est un peu envahi par différentes personnalités. C’est comme si toi tu parles à ta mère parce qu’elle doit faire ton linge, et qu’après tu écris pour ton site internet pour deux, trois ou cent mille personnes. Tu ne vas pas t’adresser à eux de la même manière. On peut dire qu’à ce moment-là tu es dans un personnage et que tu écriras différemment que pour une lettre de fête des mères.

La dernière fois qu’on vous a parlé, vous évoquiez la sortie prochaine d’un DVD. Le projet est-il toujours prévu?

Oui parce que, notre maison de disque qui nous a accompagnés au début ne nous connaissait pas vraiment. Ils sont sortis après trois dates, pas sur des brancards, mais un peu tout retournés. Ils m’ont téléphoné, ils m’ont dit «John, là ce que j’ai vu doit être absolument filmé, c’est fantastique». Nous, à priori, on n’est pas contre, ça ne nous empêche pas de bosser sur le set, la musique et de faire de bons concerts. Un DVD, c’est beaucoup de souvenirs. Qui sait, dans quelques années, j’aurai sûrement un gros ventre, et je serai content de me voir jeune et frais sur une scène.

Ghinzu reste un groupe à l’esprit particulier, difficile à définir, et à l’humour bien marqué. Y a t-il une anecdote qui résumerait à elle seule l’esprit Ghinzu?

Il y en a plein. Mais, pour ce qui a été de la formation du groupe, on a été amené à répéter dans les locaux qui étaient les anciens bureaux du père de Gregory, notre guitariste. Il était évidemment pas du tout question qu’il joue avec nous. Donc, on s’est installé dans ce bureau de change abandonné. Et Greg a mal compris, il s’est installé pour jouer de la guitare, et on était tous très embêtés parce que c’était chez lui. On ne pouvait pas lui dire de se casser. Du coup, Greg est toujours là, et on ne lui a toujours pas dit. C’est une anecdote qui nous résume bien.

Lire la chronique de “Mirror Mirror


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