Yellow Ostrich – “The Mistress”

Yellow Ostrich – “The Mistress”

yello180Album
(Barsuk)
16/08/2011
Folk de chambre

Tout vient à point pour qui sait attendre, et surtout pour qui le mérite. Après avoir provoqué quelques émois chez les mélomanes bien renseignés suite à l’autoproduction de son album “The Mistress”, Yellow Ostrich finit par mettre un pied dans la cour des grands en voyant succomber le prestigieux label Barsuk, sur le point d’offrir une deuxième vie à une oeuvre qui se devait d’élargir son horizon. Le projet prend ainsi, en ce plein été, une dimension qui colle on ne peut plus au talent d’Alex Schaaf, unique parent de Yellow Ostrich jusqu’à ce que ce natif du Wisconsin ait décidé de s’entourer d’une section rythmique chipée à Beirut et We Are Scientists, toute au service de sa voix souvent chaleureuse, pilier de ce disque, travaillée jusqu’à en devenir un instrument à part entière.

Car, au fil des titres ou elle enchevêtre ses harmonies (“Libraries”), c’est elle qui finit toujours par imposer ses mélodies (“Whale”, “Hold On”, “Slow Paddle”), comme ses ambiances. Et si “The Mistress” prend ainsi des allures d’album un peu barré, légèrement bricolé, pas toujours facile à suivre, il n’en est rien: Yellow Ostrich y trouve autant d’originalité que de sensibilité et de profondeur, ce qui ne fait que souligner plus franchement encore l’immense talent de son géniteur; de bout en bout drapé de cette attachante humilité. Et les illustrations ne manquent pas: qu’il n’ait recours qu’à un simple arpège de guitare, quelques notes de synthé presque enfantines, et une poignée de lignes de chants superposées (“Mary”), ou à une boucle d’onomatopées alternant avec un break à la mélancolie saisissante (“Hahahaohohoh”), lui et ses compères marquent les esprits comme l’aiguille d’encre dans l’épiderme.

Après avoir accouché d’une succession de maxis ou l’on trouvait autant à boire qu’à manger, Yellow Ostrich s’officialise donc pour de bon avec “The Mistress” comme une des entités indie les plus prometteuses du circuit. Un moindre mal car, s’il s’était doté de plus de constance au fil de cette douzaine de titres, le trio pointait même au rang de véritable révélation: une marge de manoeuvre qui ne manquera pas d’être comblée à l’occasion d’un prochain effort qui, à en croire la surproductivité de Schaaf, ne se fera certainement pas attendre. En attendant, amateurs de Sufjan Stevens et d’autres bricoleurs domestiques, vous avez là de quoi laisser échapper pas mal de frissons…


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