Tormenta – « La Ligne Âpre »

Tormenta – « La Ligne Âpre »

tor180Album
(Africantape)
07/02/2011
Math rock métal prog (rien que ça)

On ne l’avoue qu’à demi mot, mais on l’avoue quand même: on n’a jamais été très friands des oeuvres cérébrales emmêlées dont il faut chaque fois s’amuser à percer les mystères pour en apprécier la valeur. Alors, forcément, quand Tormenta déboule avec comme argument d’être une résurrection de ce genre d’adeptes (du batteur des feu-Cheval de Frise notamment), on se dit que le temps n’a certainement pas poussé ces bougres à épurer leur jeu, et qu’on ne va donc peut être pas trouver dans cet album ce qu’on cherche habituellement en musique: de la surprise certes, mais au moins autant d’efficacité, d’immédiateté, et surtout d’humilité. Un quatuor d’atouts manifestement assez rare, à voir passer les nombreux groupes instrumentaux devenus presque chauves à force de s’arracher les cheveux.

Quelques écoutes plus tard, on chiffonne nos post its noircis d’a priori, et on les bouffe un par un quitte à s’étouffer pour ne plus jamais avoir à redire de pareilles conneries: « La Ligne Âpre » est un grand disque, certes difficilement qualifiable, mais qui, en plus de quasiment relever de la performance, se révèle particulièrement accessible. En sept titres imprévisibles et variés, Tormenta y joue avec les nerfs du métal progressif, lui fait miroiter une place au soleil via quelques riffs barbelés, de puissants étouffés, et d’épais accords puissamment plaqués, et le persécute constamment avec un jeu de batterie bluffant de richesse et de finesse qui, la plupart du temps, finit par laisser percer quelques pointes math rock du plus bel effet. L’approche peut paraitre quelque peu tordue sur papier: ne perdez jamais de vue qu’elle l’est, mais qu’il ne s’agit en aucun cas de bourrage de crâne nauséabond.

Car, « La Ligne Âpre » déroule l’inspiration débordante de ses trois inébranlables piliers (Esteban Rodière, autre guitariste/bassiste, était de l’enregistrement) avec une souplesse rare, notamment grâce à Vincent Beysselance, batteur clé de voute et multi-bras qui décore aussi quelques titres de lignes de violoncelles fortes à propos. Mais surtout, il égrène avec une incroyable minutie une rythmique béton, idéale pour que les six cordes de Jeff Grimal alternent petits et gros pinceaux afin de définitivement apposer la couche de forte tension émanant de ces compositions multi strates, venimeuses, presque étourdissantes. Tormenta nous a bien eu: l’air de rien, et alors qu’on attendait rien de lui, il nous retourne comme une crêpe pour mieux nous beurrer de nos propres médisances.

En écoute

Disponible sur
itunes19


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