The Black Keys – “Brothers”

The Black Keys – “Brothers”

black180Album
(Nonesuch / Coopérative)
17/05/2010
21th century blues rock

Entre la sortie de “Attack & Release” – dernier album en date produit par Dangermouse – et Blackroc – leur collaboration avec la crème de la scène hip hop US – les Black Keys auront plus fait parler d’eux en deux ans, que lors de leurs six premières années de carrière. Et pour cause, depuis 2008 et leur nette intention d’intégrer le groove à leur musique, Dan Auerbach et Patrick Carney sont comme poussés par un nouveau souffle, encouragés par ces deux dernières expériences dont on retrouve encore les traces sur “Brothers”, un nouvel album sur lequel le duo n’a jamais autant mis la guitare en retrait. De quoi effrayer les habitués venant chercher ici une nouvelle livraison de blues rock incandescent. Que ceux-ci ravalent leurs appréhensions…

La raison de tout cela? L’enchainement des projets. Alors qu’ils avaient tout deux vidés les vannes de leurs propres inspirations dans leurs projets solo respectifs (Dan Auerbach sous son nom, et Patrick Carney avec Drummer), les Black Keys sont partis bille en tête sur “Brothers” seulement trois jours après avoir mis fin à Blackroc, et quitté l’ambiance hip hop-soul que le projet a fait planer au dessus de leurs têtes tout un été. Logiquement donc, à l’exception de “Tighten Up” et son break monumental (seul titre produit ici par Dangermouse), les deux ont appliqué seuls ce qu’ils ont retenu de leur collaboration avec le super producteur et génie du groove, tout en adoptant pour leur seul compte l’approche utilisée au profit de Blackroc, qui privilégiait les lignes de basse et de clavier à celles de guitare.

Pas d’incompréhension pour autant: les Black Keys n’affichent aucune véritable concession, et poursuivent leurs pérégrinations rock (“Howlin For You”). Mais bien qu’elles soient présentes sur chacun des titres, les guitares ne sont plus ce fil rouge qu’elles étaient toujours auparavant, ne faisant le plus souvent qu’accompagner la rythmique ou se lancer dans quelques solos bien affutés (“Sinister Kid”, “She’s Long One”). Illustration sur “Next Girl” et sa ligne de basse aussi simple qu’imperturbable autour de laquelle les Black Keys brodent leurs blues rock. Et, comme le prouvent “Everlasting Light”, “Sinister Kid”, “Too Afraid To Love You”, “The Go Getter”, ou l’instrumental “Black Mud”, ce n’est pas la seule fois ici qu’on a l’impression que “Brothers” aurait très bien pu être un deuxième Blackroc, à la différence qu’il est ici chanté par Auerbach lui-même.

Parlons du chant justement, lui aussi définitivement marqué par l’expérience Blackroc, Auerbach ayant vu à quel point des monstres comme Mos Def pouvaient vivre leurs textes, et de ce fait incarner plus facilement un personnage. C’est ce déclic qu’on entend aussi sur des titres comme “Everlasting Light” ou “The Only One”, et qui offre à “Brothers” des allures soul décomplexées, inédites à ce point dans la discographie des Black Keys (“Unknown Brother”). D’ailleurs, pour enfoncer le clou, le duo va même jusqu’à reprendre brillamment le “Never Gonna Give You Up” de Jerry Butler, et se lancer dans de touchantes ballades mélancoliques (“I’m Not The One”, le final “These Days”) qui ne dépareillent pas dans ce décor ou la musique actuelle rend encore une fois un bel hommage à celle qui l’a précédée. Un poil plus linéaire en 2010, celle des Black Keys en occupent toujours les premiers rangs.

En écoute



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