Quasimoto – « Yessir Whatever »

Quasimoto – « Yessir Whatever »

Album
(Stones Throw)
24/06/2013
Hip hop

Avant de se plonger dans une discographie à rallonge et de multiplier à l’infini les alter egos lui permettant d’assouvir son insatiable productivité, Madlib a su se faire un nom grâce à quelques disques essentiels qui en ont fait un producteur hors paire, sans véritable concurrence depuis la disparition de J Dilla. Au même titre que les oeuvres de Lootpack, Madvillain, et de celles signées de son propre nom à l’époque, le californien peut depuis toujours reposer sa crédibilité sur les deux albums référence de son alias cartoonesque à la voix héliumisée: « The Unseen » en 2000 et « The Further Adventures Of Lord Quas » en 2005, l’un comme l’autre représentatifs de son immense créativité.

Huit ans donc qu’on n’avait plus eu droit au moindre morceau: un laps de temps assez long pour que la sortie de « Yessir Whatever » prenne illico des allures événementielles, y compris après qu’il passe du nouvel album annoncé à la compilation qu’il est finalement. Mais, pour une fois, le terme ne prend pas de connotation péjorative, Madlib alignant ici une douzaine de titres inédits, rares, issus de vinyls désormais épuisés, tous mixés et masterisés pour l’occasion. Loin de porter le poids des ans sur ses épaules, l’album montre au contraire à quel point la patte de Quasimoto est intemporelle.

Tout de suite, la magie réopère, le flow à la fois nonchalant et plombé par la weed laisse de nouveau parler son charme, et le va et vient des cervicales est instantanément réactivé par la couleur psychédélique et poussiéreuse de productions cousues autour de samples funk (« Broad Factor », « The Front »), ou soul (« Seasons Change »). Mais pas seulement. A la différence des deux albums marqués du sceau de l’expérimentation, « Yessir Whatever » offre aussi une majorité de titres plus classiques reposant essentiellement sur le beat (« Planned Attack », « Catchin’ The Vibe »), certains rappelant même incontestablement la force du Madlib beatmaker qui sévissait au siècle dernier (les excellents « Brothers Can’t See Me », « Am I Confused? »).

Certes « Yessir Whatever » dépasse de peu la demi-heure, et ne propose aucun nouveau titre au plus fervent des fans de Quasimoto. Mais la cons(is)tance qu’il affiche bien haut, devenue tellement rare aujourd’hui, suffit amplement à en faire un complément indispensable à une discographie déjà exemplaire. Ne reste plus à Madlib que de se montrer sensible à l’enthousiasme populaire en offrant un jour au peuple le véritable nouvel album qu’il attendait. Soyons fous.

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