Metz – ‘II’

Metz – ‘II’

Album / Sub Pop / 04.05.2015
Rappel des faits

De là-haut, les multiples colonnes de fumée qui s’élèvent de par le monde suffisent à mesurer l’impact de Metz et le phénomène qu’il est devenu au fil des vingt mois de tournée qui ont suivi la sortie de son premier album – unanimement accueilli – chez Sub Pop. Désormais considéré comme un des groupes nord-américains les plus incontournables sur scène, le trio n’a certainement pas manqué d’être sollicité à l’aube de la sortie d’un deuxième opus forcément très attendu, notamment parce qu’il n’est ni plus ni moins qu’une nouvelle excuse de s’en aller faire trembler les praticables. Pour autant, les canadiens n’ont pas cédé aux chants des labels, sont restés fidèles à leur méthode de travail, n’ont pas enrôlé un producteur qui aurait probablement formaté leur son, encore moins composé de nouveaux titres susceptibles d’agrandir leur fanbase.

Avec toujours en tête sa motivation première de n’écouter que son plaisir, il était donc improbable que Metz change son fusil d’épaule et ne retourne pas se plonger tête baissée dans ce détonnant mélange de punk, de grunge et de noise qu’il prendra assurément plaisir à défendre durant deux années encore. Tout juste ont-ils ajouté quelques arrangements très discrets, pour se focaliser en priorité sur une guitare plus abrasive et dissonante encore (‘Acetate’, ‘Spit You Out’), une basse qui a apparemment pris goût à son jeu menaçant, une rythmique qui fait illico de ses baguettes du petit bois (‘Nervous System’, ‘Kicking a Can Of Worms’), et une voix qui ne se pose plus la question de la survie de ses cordes vocales.

Involontairement ou presque, le groupe s’est même rapproché de ses extrêmes. Plus lourd, plus sombre (y compris dans les textes), cet album se distingue par son absence totale de compromis (‘I.O.U’, ‘Landfill’). Féroce, volontairement perfectible, avec le feeling de ses géniteurs comme seul arbitre, il incarne ce que Metz maîtrise au plus haut point tout en repoussant à plus tard ses éventuelles remises en question. Parce qu’il y en aura, c’est sûr, ne serait-ce que pour se débarrasser un jour définitivement de l’ombre pesante de Nirvana qui, bien qu’un peu plus noyée dans le flot de décibels, vient encore mettre son grain de sel à l’occasion des morceaux les plus intenses (‘Wait In Line’).

En attendant, un seul mot d’ordre: l’immédiateté, celle qui faisait déjà mouche en 2012 et qui promet encore de tout raser au fur et à mesure que s’égrène ce successeur sonnant au plus près de ce que le groupe crachera prochainement en live. Parce qu’il en est ainsi et pas autrement: Metz carbure au volume et à l’énergie, deux éléments qu’il balance ici avec la plus grande générosité, au fil de dix titres jouissifs bien que sans grande surprise. Comme s’il fallait attendre autre chose de lui, comme si on pouvait vraiment demander à des pyromanes de ne pas jouer avec le feu…

‘Acetate’, ‘Spit You Out’, ‘I.O.U.’, ‘Landfill’


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