Menomena – “Mines”

Menomena – “Mines”

meno180Album
(Barsuk / Cooperative)
02/08/2010
Indie rock

Certains peuvent compter sur leur originalité, d’autres sur leur incroyable talent de mélodiste, rares sont ceux, en revanche, à pouvoir marier les deux avec une perfection telle que leur registre en devient aussi passionnant qu’accessible à tous. Arrivé au stade du quatrième album, Menomena a désormais sa place parmi eux, la défend bec et ongle, et de fort belle manière comme le prouve “Mines”, un nouvel album qui n’en finit plus de se révéler.

Et pour cause, cette nouvelle salve introvertie n’en met jamais plein la vue et – à l’exception du final de “Sleeping Beauty” – n’opte jamais pour une énergie souvent bienvenue pour compenser imperfections et manque d’inspiration. Au contraire, et à l’instar de ses prédecesseurs, ce disque prend le temps d’installer son petit univers, titre après titre, mélodie après mélodie, tout en retenu et subtilité, avec beaucoup d’application jusque dans le moindre arrangement (les virgules électriques de “Queen Black Acid”, la multitude d’idées de “Oh Pretty Boy, You’re Such a Big Boy”). Ainsi, Menomena aligne une grosse dizaine de titres pop constamment recouverts d’un voile mélancolique, à l’orchestration très mesurée bien que riche – on croise xylophone, saxo, synthés ou piano – pour viser juste plutôt que de devenir indigeste. Entre expérimentations discrètes, compositions couchées sur papier millimétré, “Mines” convoque les Dieux du post rock comme les petits rats de l’opéra, et met enfin d’accord ceux qui hésitaient encore entre Fugazi et TV On The Radio (flagrant sur “TAOS” et “BOTE”).

Quel meilleur point de rencard alors que le titre le plus réussi de cet album: pris dans l’étau de l’acoustique et de l’électrique, “Dirty Cartoons” jongle avec les contrastes, ceux d’une section rythmique lourde et imperturbable, de choeurs légers et lancinants devenant finalement indélébiles. Sans pour autant atteindre à chaque fois un tel niveau de perfection, Menomena contribue régulièrement à l’intemporalité de son album, que ce soit avec l’appui de la large palette instrumentale de “Tithe”, des pointes electro de “Lunchmeat”, ou de la puissance émotionnelle de “Five Little Rooms”. Mine de rien, dans l’ombre d’homologues plus bruyants mais beaucoup moins doués qu’eux, ces trois mecs de Portland font leur trou, creusent l’écart pour offrir à Menomena le statut mérité d’un des groupes les plus marquants de sa génération. Un des plus sous estimés aussi. Mais cela, beaucoup s’en rendront certainement compte trop tard.

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2 Commentaires
  • Max Dodinet
    Posté à 09:09h, 16 août Répondre

    une autre grande découverte

  • ben
    Posté à 21:41h, 25 août Répondre

    assez déstabilisant comme album, j’ai toujours eu un peu de mal avec ce groupe et là ça se confirme !

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