Lower Dens – “Nootropics”

Lower Dens – “Nootropics”

lower180Album
(Ribbon Music)
30/04/2012
Pop psyché

Qui a dit que l’audace n’existait plus en musique? Qu’un album ne se faisait plus que sur la base d’une combinaison mathématique (A + B = C) ou sur un enchainement prédéfini de touches, comme sur les jeux de combats, qui amène coûte que coûte au même résultat? Pas nous, c’est sur. Peut-être ceux qui n’ont pas encore écouté le dernier album de Lower Dens.

A prononcer “No-eh-tro-pics”, le titre de ce deuxième effort est une référence directe à un genre de drogue utilisée pour améliorer la mémoire ou d’autres fonctions cognitives. Avec ses cœurs de rockeurs, ce quintet emmené par Jana Hunter se coltine les démons de l’être humain pour en extraire une matière nouvelle, plus appropriée au monde moderne. Les compositions de Lower Dens n’ont qu’une obsession: s’étirer et se tirer de toute convention qui voudrait que le format pop soit bien droit et bien encadré.

Ce qui pouvait s’annoncer comme un disque rock quelconque prend alors très vite un visage inattendu. Aucune discussion possible, “Nootropics” est un album à plusieurs niveaux d’écoute, qui ne saurait se résumer à une addition aléatoire d’effets. En dépassant le carcan des mélodies et des harmonies, Lower Dens impose même un véritable mur du son. Erigé sur la route, lors des 200 concerts effectués aux côtés de Bear In Heaven, Beach House, Deerhunter et The Walkmen, ce mur du son réconcilie l’incertitude du rock avec des lignes mélodiques lumineuses et ambitieuses. Un résultat tendu et anxieux qui doit beaucoup à l’écriture de Jana Hunter.

Lorsqu’on apprend que, suite à leur très beau premier album aux mélodies viscéralement pop, le groupe part en tournée, que sur cette même tournée la chanteuse composerait de nouveaux morceaux sur un clavier qu’elle vient d’acquérir et dont elle ne sait pas se servir, on prend peur. Aujourd’hui, on le regrette. Cela fait un bien fou d’entendre des musiciens qui composent par passion et non par intérêt pour leur carrière. Ce bidouillage à l’arrière du van sur un clavier de plusieurs vies leur a d’ailleurs permis, comme ils aiment à le rappeler, d’écrire leur plus belle composition, “Lion Winter Part.1”.

Cependant, l’opus ne serait pas ce qu’il est sans le formidable triptyque qu’incarne “Alphabet Song”, “Brains” et “Propagation”. Tour à tour, ces compositions au minimalisme monumental répondent plus que nulles autres à la soif d’idéalisme et d’éthique en musique. Alors que nous, pauvres mécréants, espérions qu’à force de références la bande de Baltimore ne vire pas snob, on ne trouve pas la moindre faute de goût dans cet album accompli. On est prêt à parier que dans les futures années, quand on repensera à 2012, à ses plus beaux instants, on repensera forcément à ce monument de vertige pop.

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itunes34


1 Commentaire
  • incubateur
    Posté à 20:16h, 04 mai Répondre

    coup de coeur du moment.

    Merci pour cet article !

    Tour à tour, ces compositions au minimalisme monumental répondent plus que nulles autres à la soif d’idéalisme et d’éthique en musique.
    –> +1

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