Deerhunter – “Monomania”

Deerhunter – “Monomania”

Album
(4AD)
06/05/2013
Pop garage

Quand, en mars dernier, Deerhunter annonçait son retour avec un nouvel album qu’il qualifiait lui-même de “garage nocturne”, on a un peu flippé. On a même craint que tout ce petit monde soit sur le point de vriller quand le combo s’est fendu d’une prestation remarquée sur le plateau télé de Jimmy Fallon, un Bradford Cox bien perché feignant le doigt coupé sous une poupée ensanglantée avant de s’échapper en coulisse avant même la fin du morceau. Ravalez vos inquiétudes: “Monomania” n’est ni plus ni moins qu’un des plus beaux albums de cette année 2013, une oeuvre parfaitement achevée alors même qu’on aurait pu penser qu’elle allait payer à la fois l’arrivée du nouveau bassiste Josh McKay, mais aussi toute l’attention portée ces derniers temps à Lotus Plaza et Atlas Sound, les projets respectifs de Cox et Pundt.

En retrouvant ici l’esthétique punk abrasive de “Turn It Up Faggot”, en s’appuyant sur des guitares vintage et brumeuses, et en affichant une surprenante diversité (l’enjoué et sudiste “Pensacola”, la ritournelle “THM”), le ragaillardi Deerhunter a eu l’excellente idée de conserver l’approche pop déjà responsable des coups d’éclat de son dernier fait d’armes “Halcyon Digest“, pour l’emmener ailleurs. De fait, “Monomania” peut sans gêne se laisser porter par les siens, libres de toutes continuité logique, qu’ils soient flanqués de mélodies à tomber (l’entame “Neon Junkyard” et “The Missing”, seul titre signé par Lockett Pundt), ou qu’ils cèdent aux élans bruitistes du quintet (“Leather Jacket II”, “Monomania”).

De cette fusion d’envies sans véritable faux pas, résultant certainement d’une expérience désormais significative, Deerhunter a assurément mis le doigt sur une alchimie capable de le faire signer, si ce n’est son album phare, celui qui pourrait lui ouvrir définitivement les portes de la petite cours des grands groupes: ceux qui, grâce à un indéniable talent, ont réussi à se faire un nom sans compromission, sans jamais emprunter de chemins parfaitement balisés. Un coup de maître(s).

itunes8

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