15 Oct 12 Converge – “All We Love We Leave Behind”
Album
(Epitaph)
08/10/2012
Metalcore
Tout ce que nous aimons, nous le laissons derrière nous. L’histoire est longue et fastidieuse, on ne la retracera pas ici. Une histoire de passion, de lutte et d’engagements dans tous les sens du terme, une histoire d’une vie. Il n’y a pas de mot assez significatif pour désigner l’univers de Converge. Si ce n’est peut-être une grande fièvre, un truc immense, terrible et pragmatique. Il est de ces groupes qui, de leur vivant, sont déjà légendaires par la force infatigable qui les anime. Celle qui n’est pas stérile de renouvellement, à la portée toujours plus lointaine et profonde. Celle qui s’admet virale, épidémique, comme une constante régénération. De l’antre de leurs êtres jusqu’au touché de leurs membres s’arme la mécanique créatrice d’un prodige intime tel que “All We Love We Leave Behind”, un bloc de presque 46 minutes (pour la version longue), 17 titres épurés d’artifices et autres déguisements de studio pour atteindre le point le plus juste de la musique à leurs yeux: la promiscuité de ce que le son live procure.
Il ne sera pas forcément nécessaire de détailler l’album afin de discerner tel ou tel aspect. C’est une entité en lui-même, un précieux objet d’art et d’interprétation, une multitude de multiples. Si “Axe To Fall” a laissé une moindre empreinte dans l’histoire du groupe, celui-ci admet l’inverse. Toujours inscrit dans leur style si particulier oscillant entre hardcore, punk, et métal chaotique, voilà une addition de richesses pour un résultat poignant, juste, aux confins de la jouissance d’une liberté assumée. Entre riffs vifs, violents, mélodies inspirées et inspirantes, les chansons remplissent leur rôle admirablement. Les sonorités sont familières mais toujours singulières. Jacob Bannon hurle l’évidence et l’authentique autant qu’il chante le manifeste et la rage. Le tout dans cette urgence sincère que l’on sait, reconnaissable mais insolite. Une pure délivrance.
Converge ne se situe pas, ne se fige pas et demeure en dehors de tout, comme une véritable machine d’autosuffisance. Il se nourrit de lui-même, de son histoire, de ses propres expériences personnelles. Un seul type d’auditoire n’est pas désigné pour l’apprécier, cet album est universel et laissera à chacun le choix de la traduction. Quand le genre s’égare parfois dans des sentiers puants, infestés jusqu’à la moelle, il y a des groupes, des mouvements, des idées, ou peut-être même les trois à la fois qui lui redonnent ses lettres de noblesse. Converge continue de tracer son sillon à travers la lande embrumée de l’industrie musicale, et impose ses éclaircies tel un guide béni, distribuant une lumière toujours renouvelée dans un monde qui en manque souvent. Au regard de cette Lune qui, dans son humble cycle infini, se découvre puis se cache pour mieux briller.
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