Chilly Gonzales – “The Unspeakable”

Chilly Gonzales – “The Unspeakable”

gonzo180Album
(Gentle Threat)
06/06/2011
Hip hop chic

On comprend que l’artiste en manque cruel d’inspiration puisse être envieux. A peine un an après la sortie de l’excellent “Ivory Tower“, carrefour de l’europop et de la disco electro auquel il donnait rendez vous à Boys Noize, c’est avec un naturel presque insolent que Gonzales revient armé d’une expérience totalement nouvelle: “The Unspeakable”, la rencontre inédite entre musique classique et hip hop, plus régulièrement appelé spoken word par le pendant intello-chic de son public. Ainsi, en mariant les deux extrémités de son parcours, le Canadien boucle la boucle, rappelle l’éloquence de “The Entertainist” (son album hip hop privé de beat) et de “Pianist Envy” (un autre seulement accompagné de piano), pour la poser sur une musique reflétant l’incroyable richesse du chemin parcouru depuis. Bien épaulé par les sompteux arrangements travaillés par Christopher Beck – son frère de compositeur de musiques de films hollywoodiens – le maestro des temps modernes se fait ici accompagner d’un orchestre de chambre tout au service de la moindre de ses brillantes idées. Un jugement qui ne tient en rien du capital sympathie dont il bénéficie assurément, mais de l’écoute de cet album convaincant en toute occasion. Baigné de deux univers aux antipodes, ce disque se montre d’une redoutable efficacité dès l’entame “Supervillain Music” au cours duquel Gonzales déroule son flow sur une oeuvre d’une profonde richesse ou s’entremêlent percussions, cordes et cuivres jusqu’à prendre parfois des allures empiriques (également sur “Who Wants To Hear This?”) . On se dit alors qu’on est peut être toujours passé à côté du meilleur de ce que la “grande musique” avait à proposer. D’autant que jamais ici l’écœurement n’a sa place, la faute à une diversité inattendue qui vient constamment lui tenir tête en optant ici pour une orchestration plus légère (“Self Portrait”, “Different Kind Of Prostitute”) ou quelques pointes electro (“Rap Race”), là pour des airs d’Afrique du Nord (“Party In My Mind”, “Bondo Monologue”) ou des espaces types des musiques de film (“Beans”). Sans compter évidemment sur le débit spontané de Gonzales contribuant pleinement au rythme de chacun des titres. Alors que, sur le papier, tout paraissait surfait et bourratif, “The Unspeakable” se révèle finalement être au mieux un excellent disque, au pire une bouffée d’air frais revigorante en tout point. A l’écoute aussi, on ne peut s’empêcher de penser que tant que la musique est confiée à des esprits aussi imaginatifs, la roue continue de tourner dans le bon sens…

Disponible sur
itunes49


1 Commentaire
  • François
    Posté à 23:52h, 05 juin Répondre

    Quoi, déjà? Il n’arrête jamais ce mec… Hâte de le revoir sur scène. Excellent article au passage!

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