Beach House – ‘Depression Cherry’

Beach House – ‘Depression Cherry’

Album / Sub Pop / 28.08.2015
#teamhypersensible

Peu de groupes sont aussi magnétiques que Beach House. Si le caractère monolithique de leur son effraie parfois lors des premières écoutes, il laisse une marque indélébile une fois l’adhésion actée. ‘Bloom‘, plus que ‘Teen Dream‘, n’a rien perdu de son charme trois ans après sa sortie. Au contraire, c’est avec le temps qu’il révèle toute sa profondeur, la subtilité de ses arrangements, souvent dissimulés par l’ampleur de sa production. Jusqu’ici, il s’agit sans doute de l’album le plus remarquable d’une discographie sans faux-pas.

Accueillie avec beaucoup d’impatience, l’annonce d’un nouvel opus pouvait aussi laisser émerger quelques craintes. Comment faire mieux, ou du moins aussi bien, que ce quatrième album? Le fait est qu’au contraire des fans, le duo ne s’est jamais posé cette question en ces termes. Convaincu par les bénéfices vertueux de la patience, il a pris du recul, loin de l’agitation et des attentes de son public pour composer la tête reposée.

Aussi, Victoria Legrand et Alex Scally ont décidé de faire plus avec moins, une direction qui n’est pas sans rappeler leurs débuts, de ‘Beach House’ à ‘Devotion’, introductions intimistes fort éloignées de la grandiloquence de ‘Bloom’. De fait, ‘Depression Cherry’ incarne le juste milieu entre ces deux facettes, la synthèse d’une escapade longue de dix ans. L’assurance entrevue au sein de ‘Bloom’ est désormais entière, mais si la nostalgie de ce dernier serrait le coeur, ce nouvel album affiche aussi une fraîcheur et une candeur nouvelles, comme si Beach House avait déjà entrepris sa cure de jouvence, sans s’abstraire de l’expérience engrangée.

Ce cinquième volet est magnifique. Une fois de plus, il dévoilera son immensité sur la longueur. Si les premières écoutes furent teintées d’une légère déception, voire d’amertume, c’est avec les auditions suivantes que ‘Depression Cherry’ frappe par sa beauté. De l’introductif ‘Levitation’ à l’ultime ‘Days of Candy’, en passant par ‘PPP’, les retrouvailles se font une fois de plus avec la gorge nouée par l’émotion. C’est même la chialade totale.

Évidemment, ici, la subjectivité prend le dessus, preuve une fois de plus de la faculté du groupe à générer des émotions ineffables. Ceci étant désormais gravé à jamais sur les internets, il ne nous reste plus qu’à tous aller sur une plage de la côte de Granit Rose pour dessiner avec nos pieds un immense coeur dans le sable humide. On finirait de l’illustrer en s’allongeant sur ses contours, en attendant que la Manche nous submerge. On aurait froid, on serait peut-être morts mais qu’importe, on serait morts beaux.

‘Days of Candy’


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