Band Of Horses – “Infinite Arms”

Band Of Horses – “Infinite Arms”

band180Album
(Fat Possum / Columbia)
17/05/2010
Grand prix d’Amérique

Seulement reconnu à sa juste valeur par une poignée de blogs influents, “Everything All The Time”, premier album de Band Of Horses sorti en 2006 chez Sub Pop, restera pour toujours, et pour beaucoup, ce premier disque qu’on découvre sur le tard. En 2007, le public indie rock compensait logiquement sa maladresse en jetant son dévolu sur un “Cease To Begin” parfait à tous les égards, d’une justesse inouïe, et qui ouvrait enfin en grand les portes d’une renommée internationale définitivement méritée. Après plus de deux années passés à tourner, Band Of Horses entame avec “Infinite Arms” le second volet de sa belle carrière. Un changement de label, des moyens plus conséquents, un line up modifié et élargi, mais surtout un véritable travail collectif marquent comme une coupure avec ce qu’on connaissait jusque là du combo.

Depuis peu, Band Of Horses n’est donc plus tout à fait ce qu’il était. Et le changement majeur est incontestablement cette approche beaucoup plus collective de la composition: quand les titres des deux premiers albums soulignaient une instrumentation mesurée, authentique, et d’une grande finesse, toute au service de la voix de Ben Bridwell, son charismatique frontman, le plus lisse “Infinite Arms” a clairement tendance à couper court aux égos, et afficher deux visages assez différents – l’un très pop-rock, l’autre très folk – séparés par un fossé que Band Of Horses peine véritablement à combler. Toute la différence avec l’entame d’une discographie plus cohérente qui, elle, s’écoutait d’une traite et sans faux pas.

Mieux vaut donc ne rien attendre de particulier de cet album, si ce n’est celle de retrouver cette voix toujours aussi rare, et ces mélodies capables de vous faire décoller vers des pics d’émotion inattendus. Car, si tout cela est cette fois différemment exploité, on le retrouve bien sur ce disque qui s’en va fricoter avec un rock plus classique, aux deux pieds bien ancrés dans la tradition américaine. De là, Band Of Horses touche plusieurs fois la perfection, et excelle dans chacun des registres dans lesquels il s’engage. De la pop d’un reluisant “Factory” soutenu par cordes et cuivres, au nettement plus rock “Compliments” et son refrain efficace, en passant les excellentes ballade “Older” et “For Annabelle”, ou le souffle folk du mélancolique “Evening Kitchen” capable de faire chavirer un colosse, le quintet signe là quelques uns des plus beaux morceaux qu’il n’ait jamais composé.

Mais, histoire de ne pas tout de suite rentrer dans l’histoire de la musique US, Band Of Horses semble s’efforcer de ne pas tenir la cadence: une pensée quelque peu tordue qui vient à l’écoute de quelques titres majoritairement mollassons, seulement sympathiques (“Laredo”, “Blue Beard”, “On My Way Back Home”, “Neighbor”, Infinite Arms”, “NW Apt”), ou lors de francs clins d’oeil aux radios (“Dilly”). Et cela, qu’il n’en déplaise à ses plus anciens admirateurs, confortés dans leur scepticisme par le fait qu’ils ne soient pas joués sur scène, là ou le public a encore le sentiment que Band Of Horses ne lui échappe pas. Ce sera d’ailleurs le plus gros challenge du groupe lors du prochain album: garder le contrôle, et continuer à battre des ailes sans abandonner définitivement ceux qui lui ont ouvert la cage.

Disponible sur
itunes36
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