Zëro – ‘Ain’t That Mayhem?’

Zëro – ‘Ain’t That Mayhem?’

Album / Ici d’Ailleurs / 27.04.2018
Post noise


Deity Guns, Bastard, Zëro… Il n’y a que le talent qui permet de se réserver avec autant d’assurance une page de l’histoire du rock à chaque fois qu’un nouveau projet atteint sa pleine maturité. C’est le rare exploit qu’ont accompli Eric Aldea et Frank Laurino depuis leurs débuts au sein de cette effervescente scène lyonnaise. Autant dire que c’est sans grande appréhension qu’on accueille Ain’t That Mayhem?, sixième étape d’une quête de liberté que le groupe semble saisir à pleine main depuis 2016 et la sortie de San Francisco qui, au delà de marquer une réduction d’effectif finalement plus libératrice que contraignante, adressait à la pop de francs clins d’oeil dragueurs.

Mais avant de céder aux avances, il y a de nouveau l’obligation de percer cette carapace dont Zëro ne semble heureusement pas décidé à se séparer. Cette pochette d’abord, au vieil édifice peu accueillant, aux allures délaissées et brinquebalantes, dans lequel on ne passerait pas une nuit. Puis il y a ces ambiances confuses si chères aux rhodaniens (Deranged), qui laissent percer leurs atmosphères cinématographiques le plus souvent angoissantes et pleines de rebondissements (l’imparable Marathon Woman, le flippant Alligator Wine), avant d’élever progressivement des mélodies qui nous lient pieds et mains pour ne plus qu’on envisage de s’en extirper (Adios Texas).

Ca parait simple comme ça. Mais manier ainsi la barre au fil de 14 titres patiemment empilés, avec la précision de celui qui pose la toute dernière pièce de son Kapla, ne peut relever que de maitres d’oeuvre expérimentés. Et, bien entendu, Zëro ne se prive pas d’en faire la démonstration en déroulant ce Ain’t That Mayhem? nourri de tout ce par quoi le groupe est passé jusque là, et perfectionné comme s’il s’agissait d’un dernier acte. Noise, indus et post rock restent donc indéboulonnables tout au long de l’album (The Kung Fu Song, Fake From The Start, Recife 1974), mais les lyonnais y ajoutent d’autres couleurs, de nouvelles sonorités (Underwater Frequencies), et optent pour des arrangements aussi surprenants que cohérents (le trombone sur l’excellent We Blew It, un orgue d’église sur le court Five vs Six). Autant d’armes qui permettent à Zéro, au delà de ne jamais se répéter d’album en album, d’en faire de même d’un morceau à l’autre. La cerise sur le Zëro.

VIDEO
ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Adios Texas, Marathon Woman, We Blew It


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