Yak – ‘Pursuit of Momentary Happiness’

Yak – ‘Pursuit of Momentary Happiness’

Album / Caroline / 08.02.2019
Rock


Les premières mesures du nouvel album de Yak pourraient être trompeuses : son de flûte élaboré, voix maniérée et perchée, rythmique puissante et binaire pour cadrer l’ensemble… Mais le groupe dérape avant même la fin de la première minute, et ne se rattrape plus, pour notre plus grand bonheur. Toute stabilité est bannie de Pursuit of Momentary Happiness, Oli Burslem et sa bande nous servant un grand opéra jouissif, bruyant et baroque, à l’outrance volontairement caricaturale, résultat cohérent des errances improbables des musiciens tout au long de son élaboration.

En effet, il aura fallu plusieurs mois de promesses non-tenues et de rendez-vous ratés pour que le groupe accouche de ces onze titres. Une aventure digne du Exile On Main Street des Stones. Un cache-cache entre les membres du groupe les mène de Tokyo à l’Australie, les promesses de compos se noient dans l’alcool, la confiance renouvelée et les conseils de membres de Tame Impala ou Spiritualized consolident quand-même les premières ébauches à Londres, le coup de main et les arrangements de Jason Pierce finissent par donner corps à l’ensemble, des heures de retouches à New-York densifient le son, le tout ayant nécessité la vente de tous les biens d’Oli Burslem, l’obligeant à vivre plusieurs semaines dans le coffre de sa voiture.

Malgré les aléas de sa fabrication et la colère qui l’habite, Pursuit Of Momentary Happiness est puissamment syncrétique. On le doit à l’improbable section de cuivres imposée au groupe par Burslem. Elle parvient à lier entre eux tous les éléments de ce mille-feuille sonore, surgit notamment, impériale, d’un brouillard de basse dans l’Interlude, cette respiration placée au milieu de l’album et qui le structure entièrement. Avant lui, les cinq titres d’ouverture posent une montée rythmique et bruitiste : Bellyache et Fried sont marqués par un stoner plutôt classique, courroucé et granuleux, très déclaratif, suivis de Pursuit Of Momentary Happiness, balade dépressive évoluant à coups de riffs déglingués vers le psyché le plus cosmique, avant que Words Fail Me se place en complainte de crooner défoncé.

Blinded By The Lies et White Male Carnivore marquent alors le coeur de l’album de leur puissance basique guitare-batterie surlignée par des vociférations sans nuance. Après cela, la redescente a bien lieu : d’abord avec l’énervé mais évolutif Pay Off Vs The Struggle traversé d’éclats de cuivres fous, puis Encore, nouvelle ballade déglinguée, et enfin les deux immenses Layin It On The Line et This House Has No Living Room, apaisés, capables d’alterner avec une aisance bluffante puissance et onirisme. Sur le dernier titre, la marque de Jason Pierce est partout, de la guitare réverbérée et aux harmonies poétiques, étirant huit minutes d’arrangements kitchs réjouissants dans les chants d’oiseaux.

Ainsi, Burslem réussit idéalement la ‘fin heureuse’ qu’il souhaitait tant. Et s’il prétend ne jamais avoir avancé avec plus de deux jours de visibilité pendant des mois, on peine à croire à de l’improvisation tant Pursuit Of Momentary Happiness est une oeuvre certe foutraque, mais terriblement homogène.

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A ECOUTER EN PRIORITE
Bellyache, Pursuit Of Momentary Happiness, Pay Off vs The Struggle, This House Has No Living Room


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