USÉ – ‘Selflic’

Album / Born Bad / 22.06.2018
Homme orchestre

Métamorphosé en homme-orchestre il y a quelques années pour les besoins d’Usé, Nicolas Belvalette poursuit depuis, sans l’ombre d’une inflexion, un quotidien fait de concerts par centaines, seul ou à bord d’un des nombreux groupes qui prolifèrent autour de lui. C’est ainsi que l’homme – aux nuits trop courtes et aux idées longues – nourrit sa soif constante d’activité.

Deux ans après Chien d’la Casse grâce auquel on découvrait ce grand escogriffe perché au dessus de synthés hurlants, comme de toms d’une batterie étrangement assemblée et martyrisée avec amour, USé souligne une formule désormais bien en place, plus affinée et maîtrisée. La frappe se fait martiale, les synthés plus plombants que jamais (Dans Sa Corde), alors qu’il va jusqu’à titiller le club avec l’exécution new wave du violent Dans Un Coin, qui réclame et supplie : ‘Allez vas-y, prends moi la main, et emmène moi dans un coin, on se caressera jusqu’au lendemain‘.

Entre ces grands coups assénés de manière implacable, se cache toujours une humeur grinçante, incarnée dans un pas de deux dangereux, au bras de l’ordre. Danser Un Slow Avec Un Flic est un coup de matraque contre un baiser et de la lacrymo plein la gueule pour avoir tenté un rapprochement trop brusque. C’est aussi une douce farandole de violence sourde qui amuse et bouscule, à l’image de la musique d’Usé : cet envoûtant cardiogramme plus que jamais sur de lui et de sa force, près à bouter et à embrasser dans un même mouvement celui qui s’approchera trop près de ses vents contraires.