Unkle – “War Stories”

Unkle – “War Stories”

War Stories[Album]
09/07/2007
(Surrender All/Pias)

Unkle est de ces acteurs de l’electro qui auront vu leur parcours en dents-de-scie rythmée par les changements de line up. D’abord fondé par Tim Goldsworthy, Kudo (Major Force), et James Lavelle (fondateur du label Mo’Wax et aujourd’hui seul membre d’origine du projet), les deux premiers furent ensuite remplacés par l’incontournable Dj Shadow, auteur du cultissime “The Endtroducing”. C’est avec lui que Lavelle parvint enfin à sortir “Psyence Fiction”, un premier album qui se sera longtemps fait attendre, mais qui s’imposera finalement comme un des indispensables des années 90 sans pour autant répondre aux attentes, celles d’égaler l’oeuvre ultime de Shadow. Et ce, malgré une palanquée d’invités de prestige, de Mike D des Beastie Boys à Thom Yorke (Radiohead), en passant par Richard Ashcroft ou Badly Drawn Boy. Finalement peu convaincu, Shadow laissera sa place à Richard File, le nouveau compère de Lavelle pour “Never Never Land”, le deuxième album mitigé d’Unkle, sorti en 2003 dans une veine assez similaire, mais avec des contributions moins prestigieuses (Jarvis Cocker, Brian Eno, Josh Homme)

Il en fallait pourtant bien plus pour que Lavelle ne se décourage et laisse Unkle à jamais aux oubliettes. Non, plus persévérant que jamais, il remet ça, continue d’empreinter la voie qu’on lui connaît et qui lui aura quand même permis de s’affubler d’une patte très personnelle et reconnaissable. Pour “War Stories”, ce nouvel album affichant plus de 70 minutes au compteur, il est de nouveau aux côtés de Richard File, et a une nouvelle fois fait appel à quelques invités pour rehausser encore un peu plus l’impact de sa nouvelle oeuvre. Josh Homme reprend donc du service (l’excellent “Restless” qui ravira les fans des deux camps), cette fois épaulé par Gavin Clark (“Keys To The Kingdom”, “Broken”), 3D de Massive Attack (“Twilight”), Autolux (“Persons & Machinery”), The Duke Spirit (“May Day”), Ian Astbury (frontman de The Cult sur “Burn My Shadow” et le final acoustique “When Things Explode”) et de…James Lavelle lui-même qui se tire plutôt bien de ses premières expériences vocales (“Hold My Hand”, “Morning Rage”). Sans compter sur les discrètes contributions musicales de Matthew Caws de Nada Surf (guitare sur “Broken”) et de David Catching (Eagles Of Death Metal)

Vous comme nous sachant qu’une telle vitrine n’est pas toujours synonyme d’un album réussi, pas de quoi se jeter les yeux fermés sur ce “War Stories” qui, jusque-là et sur le papier, ne montre pas une réelle évolution. Pourtant, ce nouvel opus montrent de très beaux atouts. Habité d’une cold wave implacable de tout son long, il nous prend, telle une lame de fond, et nous emmène sans nous laisser le choix dans une vague effrénée de guitares et basses aussi omniprésentes qu’efficaces (“Chemistry”, “May Day”), et de piano ou de violon vous offrant de dangereux clins d’oeil comme pour vous convaincre, par leur fausse douceur, du bien fait de ces quatorze nouveaux titres. Incontestablement, “War Stories” est savamment orchestré, parvient avec goût à faire la balance entre la puissance des instruments et le “point trop n’en faut” de la technologie (“Restless”). Le reste coule comme du petit lait: les mélodies font leur effet (“Hold My Hand”), les refrains ne permettent aucune médisance (“Keys To The Kingdom”, “Lawless”), les titres aux sonorités rock/electro bien appuyées s’enchaînent, laissant derrière eux quelques tubes incontestables, coulant comme ceux du “Any Minute Now” de Soulwax (“Morning Rage”), ou plus torturé comme à la manière des expérimentations de Radiohead (“Price You Pay”)

On aurait cru Lavelle et son Unkle définitivement dépassés. Après ingurgitation de ce “War Stories”, on finirait presque par croire que le bonhomme a toujours su là ou il voulait aller, sans que son public et les critiques ne parviennent à le comprendre ou à adhérer à son oeuvre. L’attente et la persévérance auront donc payé, ce nouvel album étant très certainement le plus cohérent et le plus réussi de ces dix dernières années de carrière. Exit le sujet récurent Dj Shadow, out la course à la justification constante du statut d’acteur principal de la scène électronique. Unkle sonne ici définitivement rock, et que ça vous plaise ou non, il faudra vous y faire. Car s’il n’est peut-être pas intemporel, “War Stories” est très certainement parmi le meilleur cru de l’année, et se veut la preuve irréfutable qu’un producteur peut être un très bon musicien

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