Tunng – ‘Songs You Make At Night’

Tunng – ‘Songs You Make At Night’

Album / Full Time Hobby / 24.08.2018
Folktronica pop


Pionnier d’un mouvement qualifié au début des années 2000 de folktronica à défaut de terme plus approprié, Tunng revient avec sa formule caractéristique faite de ritournelles folk pastorales et de trouvailles sonores assemblées en bricolages électro-pop.

Premier album réunissant le line-up originel depuis Good Arrows (Sam Genders, une des deux têtes pensantes de Tunng avec le bidouilleur Mike Lindsay, avait quitté le groupe en 2007), Songs You Make At Night ne dévie pas de cette trajectoire, et se veut un retour aux sources. Conçu comme un cycle de chansons représentant une nuit dans la vie d’un mystérieux rêveur somnambule, le disque affiche par rapport aux précédents albums une tonalité beaucoup plus ouvertement synth-pop, faisant ainsi le pari d’emporter l’auditeur au gré de douces vignettes hypnagogiques.

Disons le d’emblée, celui-ci n’est pas totalement réussi. Audibles dès le titre d’ouverture Dream In, les basses Moog omniprésentes et autres boites à rythmes vintage enveloppent la quasi-totalité de l’album dans un tissu synthétique parfois plaisant, souvent pesant. Cette lourdeur se ressent en particulier sur les racoleurs ABOP et Dark Heart, dont les atours ostentatoirement catchy évoquent une tentative un peu pataude d’empocher un tube radiophonique, tandis que Nobody Here voit le groupe saboter une introduction vénéneuse au piano Rhodes en opérant, en milieu de morceau, un embarrassant virage électro-dance en roue libre.

La modération et la nuance sont heureusement davantage à l’œuvre sur d’autres titres, offrant une respiration essentielle aux mélodies indolentes et divagations acoustiques du groupe. C’est dans ce clair-obscur faussement apaisé que prospèrent les meilleurs morceaux de l’album. La balade contemplative Crow, chargée de métaphores poétiques qui rebuteront les plus cyniques, offre un moment de rare légèreté éclairé d’une lumière tamisée par des arrangements subtils. Flatland et son refrain simple mais entêtant évoque les premiers titres tout en retenue de Tunng en offrant un équilibre parfait entre sonorités folk et électroniques. Les arpèges délicats de Like Water forment quant à eux un écrin idéal à une mélodie flottante emportant l’auditeur vers des rivages nocturnes.

Arrivé à la luxuriante conclusion instrumentale Dream Out, on se prend ainsi à rêver d’un album dans lequel Tunng aurait laissé davantage d’espace à cet inconscient formé de sonorités aquatiques et aériennes, plutôt que d’ancrer sa fantasmagorie dans des chansons directes et efficaces.

VIDEO
ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Crow, Flat Land, Like Water, Dream Out


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