Timber Timbre – ‘Sincerely, Future Pollution’

Timber Timbre – ‘Sincerely, Future Pollution’

Album / City Slang / 07.04.2017
Rock cinématographique 80’s

Osons poser la question : combien de disques devront encore publier les membres de Timber Timbre pour être considérés à leur juste valeur ? La considération d’un public averti est certes belle et bien présente, mais chaque parution de la formation canadienne tend à agir comme une piqûre, rappelant à quel point la discographie de ce groupe est d’une qualité irréprochable, et ô combien un auditoire plus large leur serait amplement mérité. Mais c’est bien loin de ce genre de préoccupations que Taylor Kirk et sa bande ont continué leur chemin, confectionnant ainsi ce qui pourrait bien être leur meilleur album à ce jour.

Il y a trois ans, ‘Hot Dreams‘ – leur cinquième opus – avait émerveillé tant par la qualité de son songwriting que par ses chaleureux arrangements et l’aspect cinématographie de son univers, l’aura de David Lynch et l’esprit d’un Los Angeles fantomatique n’étant jamais bien loin. Cette route, ‘Sincerely, Future Pollution’ la poursuit, et peut donc à juste titre être considéré comme son digne héritier, mais pas uniquement.

Enregistré dans les mythiques studios La Frette en bordure parisienne – Nick Cave & The Bad Seeds y ont notamment enregistré ‘Skeleton Tree‘, et Beck y était récemment pour son prochain album – ‘Sincerely, Future Pollution’ poursuit l’exploration des époques musicales engagée par ses prédécesseurs en faisant cette fois-ci la part belle aux sonorités des années 80. Les canadiens, qui s’étaient jusqu’alors concentrés sur des instruments dits plus traditionnels, ont pu – grâce aux studios La Frette – bénéficier d’une large variété de synthétiseurs et de boites à rythme, laissant entrouvrir le champ des possibles pour Taylor Kirk et ses partenaires créatifs indétrônables que sont Simon Trottier et Mathieu Charbonneau. Et la palette est, disons le, extrêmement large mais d’une cohérence à toute épreuve. Allant de AIR à Kraftwerk (‘Skin Tone’ et ‘Bleu Nuit’), ou encore de Nick Cave (‘Sewer Blues’, ‘Floating Cathedral’) à David Bowie période ‘Fame’ (‘Grifting’), la formation s’épanouit, étoffe son répertoire, et renouvelle une fois de plus son amour et ses correspondances avec le septième art (le titre éponyme qui tend à se rapprocher de la BO du mythique Blade Runner).

Comme toujours, la production est d’une classe absolue chez Timber Timbre (‘Velvet Gloves & Spit’), les nappes de synthétiseurs apportant inconditionnellement de la douceur et de la sensualité aux instants de grâce vocaux que Taylor Kirk manie de main de maître, alternant silences rédempteurs et élans de franchises. Un Taylor Kirk qui continue d’ailleurs d’exposer ses craintes et ses angoisses personnelles (le vieillissement abordé sur le titre ‘Moment’), de dépeindre un monde dans lequel il ne se reconnaît pas, et franchit même le cap – actualité oblige – de s’aventurer sur des terrains plus politiques (‘questions occidentales, élections désespérées, campagne Halloween‘ chant-il sur le magnifique ‘Western Questions’, abordant ainsi l’immigration de masse et Donald Trump en toile de fond).

Dans une perpétuelle quête du bonheur, et bien qu’il essaye depuis toujours de trouver sa place dans un monde qu’il juge sombre et inquiétant, Taylor Kirk a certainement au fond de lui le sentiment d’être né trop tard, ou du moins pas à la bonne période, et c’est peut-être pour cela qu’il souhaite à travers ses disques parcourir les époques et les explorer. Une manière comme une autre de se retrouver (avec) lui-même, et d’enrichir son âme autant que celle de sa musique, qui semble désormais plus intemporelle que jamais.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE

‘Velvet Gloves & Spit’, ‘Grifting’, ‘Moment’, ‘Sewer Blues’, ‘Western Questions’


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