Tim Presley – ‘The Wink’

Tim Presley – ‘The Wink’

Album / Drag City / 16.09.2016
Art proto rock

New York, 1977. Rescapé de Television suite à des brouilles sur la ligne Tom Verlaine, puis échappé des Heartbreakers de Johnny Thunders parce qu’il avait déjà envie d’autre chose, Richard Hell tape sa pose, sans les Voidoids. Il est torse-nu, veste ouverte, et dévoile à même sa peau l’inscription suivante : YOU MAKE ME ___. ‘Blank Generation’ vient de sortir, séisme punk qui secoue déjà tout le CBGB et illustre l’idée d’une génération en opposition plus qu’en désespoir, auto-déterminée plus que nihiliste. Richard Hell chante de toute sa faiblesse vocale et les Voidoids assurent le côté accidenté, dépecé de cet album qui fera date.

Un mimétisme qu’on retrouve à l’œuvre sur le laminé ‘The Wink’ de Tim Presley, qui doit à Cate Le Bon – sa partenaire de DRINKS – d’avoir eu la bonne idée de lorgner sur son stock de démos, d’en choper une dizaine et de les compiler sur un album après un petit job de production. Le résultat révèle la grande esquisse que rassemblent les traits de création épars de la prolifique tête pensante de White Fence, et réduit de manière fascinante l’émotion à son plus simple appareil.

Condensé lo-fi des brouillons de l’esprit de Tim Presley, ‘The Wink’ définit les contours d’un mouvement de l’ingénu, avec un son presque naïf, décharné, à l’habillage super sommaire mais jamais inexistant. Le disque a l’aspect débraillé des compositions qui restent bloquées au degré zéro de l’inspiration, assemblant des chutes, des bribes d’idées comme elles viennent sans surmonter de structure particulière et acquérir une consistance propre à la consommation. ‘ER’, par exemple, avec son piano qui balbutie et la voix posée de Tim Presley qui domine un amas d’arrangements décousus avec sérénité.

Elle est là, l’énergie punk du New York de la fin des années 1970. Ce je-m’en-foutisme musical parfois dissonant mais extrêmement ciselé (‘Long Bow’), qui décroche un paquet de clins d’œil à l’allure protopunk à ses aînés. Pas vraiment à l’arrache mais un peu quand même, ‘The Wink’ brosse un paysage sonore escarpé et brillant qui rappelle les bienfaits de la bidouille enregistrée solo dans une simple chambre.

‘The Wink’, ‘Goldfish Wheelchair’, ‘Long Bow’


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