Thurston Moore – ‘The Best Day’

Thurston Moore – ‘The Best Day’

Album / Matador / 20.10.2014
Indie rock

La vie de Thurston Moore n’est plus vraiment la même depuis ‘Demolished Thoughts’, l’album acoustique qu’il avait sorti en 2010 sous la houlette de Beck, fan de Sonic Youth depuis toujours. Justement, quatre ans après, le groupe n’est plus, Kim Gordon ne se réveille plus tous les matins aux côtés de son ex-époux de songwriter, et chacun a vaqué à ses propres projets musicaux. Entouré de la bassiste Deb Googe (My Bloody Valentine, Primal Scream), du guitariste James Sedwards avec lequel il affiche une intéressante complémentarité, et du batteur Steve Shelley toujours inséparable de ses vieux comparses quand il ne s’en va pas faire vivoter Disappears, Thurston Moore retrouve pour ce quatrième album solo l’environnement électrique qui lui va si bien au teint.

Si ‘The Best Day’ ne renoue pas forcément avec le glorieux passé, il le rappelle néanmoins fortement. Illustration dès l’entame ‘Speak To The Wild’ qui, durant huit minutes lancées sur de belles harmoniques, s’applique d’abord à instaurer une fausse linéarité qui s’efface progressivement au profit d’une intensité grimpante: un exercice que Sonic Youth a souvent chéri. Déjà hors format, le disque duplique une nouvelle fois la recette en poussant le bouchon plus loin encore. ‘Forevermore’, dont il faudra percer l’épaisse carapace post punk de onze minutes, reprend alors à son compte l’effet de répétition, dont l’impact aussi hypnotisant que passionnant se trouve brisé par quelques dissonances et subtils sauts de gamme.

Ces deux gros morceaux avalés, ‘The Best Day’ reprend des allures plus classiques, plus digestes pour les plus impatients. Ainsi, sans grand intérêt, ‘Tape’ laisse rapidement la place au single éponyme dévoilé dès le mois d’aout dernier, si efficace qu’il en paraitrait presque tubesque comparé au reste, excepté l’instrumental ‘Grace Lake’ qui, sous ses airs presque improvisés, tire un peu plus tard les mêmes ficelles. Tout en se laissant porter par le courant de sa mélodie évidente, on nage ensuite en plein dans les années 90. Tandis que ‘Detonation’ préfère abattre de tout son long la carte d’une intensité constante plutôt que de se siffler sous la douche, ‘Germs Burn’ clôture dans une énergie punk 70, en ouvrant en grand tous les tiroirs du commode néo-londonien qui, à l’approche de la soixantaine, laisse encore rayonner ici toute son éternelle jeunesse.

‘Speak To The Wild’, ‘The Best Day’, ‘Grace Lake’


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