The Cinematic Orchestra – “Ma Fleur”

The Cinematic Orchestra – “Ma Fleur”

Ma Fleur[Album]
07/05/2007
(Ninja Tune/Pias)

L’histoire d’amour entre The Cinematic Orchestra et le Septième Art se poursuit, avec la sortie d’un nouvel album, d’un nouveau témoignage d’une affection sans borne. Entrevue seulement lors de leurs deux premiers opus, c’est surtout avec “Man With a Movie Camera” que ces Anglais dignement menés par Jason Swinscoe s’acoquinent plus sérieusement avec le cinéma, en composant la bande originale d’un film muet russe datant de 1929. Définitivement dans son élément, l’orchestre s’en tire à merveille, et avec une facilité déconcertante, comme s’il avait déjà vécu plusieurs fois ce genre de projet

Seulement, comme aucun film ne se ressemble, leurs bandes originales diffèrent également. Ainsi, The Cinematic Orchestra aurait pu la jouer facile en retravaillant sur des illustrations sonores finement choisies en fonction de son registre. Mais le combo change cette fois la donne en acceptant une proposition d’accompagnement sonore d’un long-métrage imaginaire. Pas d’images sur lesquelles se caler, ou correspondant à l’univers chaleureux, doux et feutré de sa musique. A partir de là, toutes les portes de l’imagination se sont ouvertes, “Ma Fleur” a fini par sonner comme aucun des précédents disques, s’est ensuite retrouvé entre les mains d’un scénariste qui a dû s’en inspirer, et qui en a tiré le script d’une vie. Comme une histoire d’arroseur arrosé..

Entre temps, Winscoe se sera offert les services de divers chanteurs dont les voix sont venues enrichir des ambiances qu’il a souhaité souligner. Parmi eux, Patrick Watson, en provenance de Montréal, s’est pleinement satisfait de couvrir les premières années de la vie; Lou Rhodes, chanteuse poignante et jeune maman, se montra idéale pour représenter l’âge mûr; et la fidèle Fontella Bass, avant que sa santé ne se détériore, fut parfaite pour endosser le timbre de l’actrice âgée. Et avec des thèmes aussi lourds que l’amour, l’absence et la perte, la musique composée par Winscoe et arrangée avec l’aide du bassiste Phil France, toujours baignée de jazz et d’un fort capital émotion, ne pouvait pas mieux coller au contexte final

“Ma Fleur” en surprendra donc plus d’un, notamment ceux qui s’attendaient une nouvelle fois à une sublime leçon de groove, comme ils en prirent une à l’écoute de “Everyday“. Non, là, l’histoire est différente, et c’est avec un The Cinematic Orchestra beaucoup plus pop qu’on se lance dans cette nouvelle aventure. “To Build a Home”, premier titre emmené par un simple piano, nous lâche dans la mélancolie de Patrick Watson, dont certaines intonations rappellent avec surprise un certain Chris Martin (même remarque sur “Into You” et “That Home”). Ce n’est donc qu’ensuite, sur “Familiar Ground”, plus encore sur “Child Song” et les frissonnants “Breathe” et “Time And Space”, qu’on retrouve quelques réminiscences du passé, bien qu’on ait connu cette jolie troupe plus joyeuse. Mais le retour au minimalisme est récurrent quand ce n’est qu’une guitare qui poursuit “Music Box”, comme des cordes le font sur “Prelude”, ou seuls des vents et une basse fondent toute la musicalité du titre éponyme. Seul raccord avec le passé, ce jazzy et riche “As The Stars Fall” qui laisse de nouveau bourdonner la contrebasse comme il réchauffe les peaux des fûts

Winscoe a cette fois fait dans le minimalisme, préférant enchaîner quelques tristes pétales, réduites à leur minimum d’orchestration, seulement ponctuées de quelques titres plus enrobés. N’allez pourtant pas croire que “Ma Fleur” promet une écoute aussi barbante que celle d’une B.O. sans véritable valeur quand elle n’est plus illustrée. Non, ce troisième véritable enregistrement studio de The Cinematic Orchestra se déguste comme un véritable album, puise au plus profond de l’émotion, nous fait découvrir une nouvelle facette de son géniteur qui, après écoute, s’avère finalement logique. “Ma Fleur” est tout simplement un somptueux moment pour qui ne tournerait pas les talents face à un mariage de pop, soul et jazz. À engloutir de préférence quand les premiers rayons de soleil frappent à la fenêtre..

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