The Budos Band – ‘V’

Album / Daptone / 12.04.2019
Fela meets Led Zep

Les derniers mois de Thomas Brenneck, ni plus ni moins que la locomotive du groupe de Brooklyn, ont été compliqués, émotionnellement surtout. En effet, après avoir vu partir Sharon Jones avec laquelle il officiait en tant que guitariste au sein des Dap Kings, puis Charles Bradley qu’il côtoyait au quotidien en tant que producteur et guitariste de son Menahan Street Band, le new yorkais a ressenti le besoin vital de se changer les idées, de regarder droit devant en se replongeant dans la composition malgré l’éclatement géographique subi récemment par le collectif.

Quatre ans après un Burnt Offering qui prenait ses distances avec ses sonorités originelles et ouvrait grand ses portes au psyché et au hard rock des années 70, The Budos Band poursuit donc logiquement sa petite entreprise d’électrisation avec V, un nouvel album mis en boite en 72 heures avant d’être mixé sur la côte californienne par les deux cerveaux du label Daptone.

Plus encore que par le passé, les riffs heavy jouent donc désormais à armes égales avec les couleurs afro soul et les rythmiques éthiopiennes qui font depuis toujours sa sève (The Enchanter). A la fois brute, sombre et menaçant, le groupe avance donc d’un pas lourd tout au long de dix nouveaux titres à l’agressivité plus prononcée, partagés entre bastos cuivrées (le très Led Zeppelin Old Engine Oil, Maelstrom), groove communicatif (Spider Web Pt.1), cadences funky héritées d’une décennie décidément inspirante (Arcane Rambler), et même quelques touches hispanisantes (Veil of Shadows). Puis quand résonne en fond le solo de guitare du final Valley of the Damned, c’est toute la singularité du Budos Band qui jaillit comme une évidence : cette facilité qu’il a à jongler naturellement avec tant d’étiquettes qu’il finit par imprimer la sienne, unique et cohérente, et l’apposer sur un cinquième album des plus réussis.