The Arcs – ‘Yours, Dreamily’

The Arcs – ‘Yours, Dreamily’

Album / Nonesuch / 04.09.2015
Soul blues

C’est un secret pour personne depuis que les Black Keys surfent sur un succès sans précédent: Dan Auerbach (chanteur/guitariste, et producteur depuis peu) est désormais de ces cadors de la musique transformant tout ce qu’ils touchent en or. Du coup, alors que sa crédibilité dépasse maintenant les frontières du seul circuit rock n’roll, les sollicitations sont nombreuses, et le bonhomme – avide de collaborations, surtout quand elles l’invitent au-delà de son propre registre – n’hésite pas longtemps quand il s’agit de se faire plaisir. Alors que Blakroc le voyait brillamment côtoyer la scène hip hop en 2009, Auerbach ajoute une nouvelle corde à son arc.

The Arcs, c’est justement le nom du nouveau projet dont il est à l’initiative, qui lui permet ici de dérouler son inspiration personnelle dans un tout autre contexte qu’en 2009 à la sortie de ‘Keep It Hid‘. Car cette fois, le songwriter n’agit plus seul: il enrôle à ses côtés quelques musiciens de tournée des Black Keys (Leon Michels et Nick Movshon également actifs au sein des Antibalas, El Michel’s Affair et Menahan Street Band) pour croiser le fer avec d’autres musiciens expérimentés que sont Richard Swift (The Shins, Foxygen…), Homer Steinweiss (batteur des Dap Kings), Kenny Vaughan, et Mariachi Flor de Toloache.

Le décor planté, tous dévoilent peu à peu la couleur musicale de The Arcs. Aux influences blues et rock n’roll chères à Dan Auerbach, s’ajoutent donc les souffles chauds de la nouvelle soul new yorkaise (‘Pistol Made of Bones’, ‘Stay In My Corner’), sans pour autant dépayser totalement les très nombreux fans du duo. Enregistré en deux semaines à travers les Etats Unis, et alors que l’album est censé renfermer toutes les musiques que le frontman affectionne, le Black Key fait ici rayonner tout le plaisir qu’il prend sur chacun des quatorze titres dont les ficelles sont incontestablement bien attachées au duo.

On reconnait ainsi immédiatement dans ‘Yours, Dreamily’ les mélodies d’Auerbach (‘Outta My Mind’, ‘The Arc’), tout comme ce sens du groove qu’il a rarement freiné ces derniers temps en compagnie de Pat Carney (‘Put a Flower In Your Pocket’). Ici, accompagné de maîtres en la matière ayant pleinement contribué à la composition sans imposer le son Daptone, il peut non seulement pleinement l’assouvir (‘Rosie (Ooh La La)’), l’emmener sur des territoires surprenants (le jazzy ‘Come & Go’), mais aussi tout simplement lui offrir ce qu’il mérite pour l’immerger pour de bon dans l’ambiance si influente des années 70: orchestrations étoffées, choeurs féminins d’époque (‘Chains Of Love’), et arrangements cotonneux (‘Nature’s Child’) pour des compositions si riches et profondes qu’elles en deviennent forcément généreuses et confortables. Si Dan Auerbach peine tant que ça à perpétuer la fièvre Black Keys, qu’il multiplie ce genre d’écarts semblant réellement oxygéner son inspiration.

‘Pistol Made of Bones’, ‘Everything You Do (You Do For You)’, ‘Chains Of Love’


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