Teki Latex – “Party De Plaisir”

Teki Latex – “Party De Plaisir”

Party De Plaisir[Album]
04/06/2007
(Capitol/Emi)

À en croire ce que nous assénaient ses controversés géniteurs, le dernier album en date de TTC était supposé faire péter la banque et les hit-parades. Finalement, “3615 TTC” n’aura eu qu’un écho très relatif chez les fans les plus jeunes du groupe, voire auprès des amateurs de “raparodie” façon Kamini ou Fatal Bazooka (sans en atteindre les ventes record, au grand dam de leur label, peut-on légitimement penser…). Autant dire que la sortie du premier album solo de Teki Latex, le “cerveau” de TTC, était attendue de pied ferme aussi bien par ses adorateurs que ses détracteurs. Le disque aura ainsi vu son parachutage dans les bacs maintes fois repoussé, jusqu’à laisser supposer que ce “Party De Plaisir” n’aura peut-être finalement pas bien porté son nom très longtemps..

Pour preuve, il aura certainement fallu beaucoup de travail pour que cet album n’ait d’équivalent aujourd’hui que le pire des années 80. Mais, on ne pourra encore pas enlever à Teki Latex un talent certain du marketing. Les leçons du semi-échec de “3615 TTC” ont en effet vite été tirées. Plutôt que de prendre un nouveau risque en s’autoproclamant roi de la pop ou de se cacher derrière une incompréhension de sa musique, il préfère cette fois devancer les critiques en assumant un opportunisme cynique et décomplexé, comme si la réussite ou non de son album lui importait finalement bien peu. Ce qui n’est pas idiot, d’un point de vue stratégique, il faut l’avouer: pourquoi dire du mal de “Party De Plaisir” quand nous étions prévenus de sa médiocrité

Parce qu’on ne peut pas ne pas s’arrêter sur la première “oeuvre” solo de celui qui se proclame icône de toute une génération, celle qui ne l’a pas toujours suivie d’ailleurs. Peu importe, cette fois Teki Latex prend le taureau par les cornes et à défaut de creuser son propre sillon préfère labourer celui des autres: Katerine se remet tout juste de son énorme succès que le MC rondouillard lui emboîte le pas en embauchant l’équipe qui a su toucher le jackpot (Renaud Letang et Gonzales à la production) et en profitant de ses connexions. Et pour mieux faire passer la pilule, on s’amuse donc à parler de pop, un terme cher au Parisien, et qui englobe un peu tout et n’importe quoi, à l’image de la quinzaine de titres de ce disque

Car “Party De Plaisir”, musicalement parfois très réussi (“Go Go Go”, “Invitation To Ooh Wee”), aurait pu être un bon album s’il n’avait pas été celui de Teki Latex. Piètre rappeur au sein de TTC ou ses contributions sont déjà parfois de trop alors qu’il y partage le temps de parole (sans revenir sur son sens ultra-aiguisé de la rime illustré ici sur “Polo” entre autres), il était donc prévisible qu’un album intégral se révèle totalement indigeste (“Les Jouets” y contribue). D’autant plus avec ce timbre de voix particulier qui aura eu au moins le mérite de lui offrir une certaine originalité. Du coup, elle passe lorsqu’elle est enfouie sous les effets (“Electronic” à l’ambiance héritée des cartoons japonais des 80’s), ou qu’elle s’efface quasiment devant une trop forte concurrence (le controversé “La Petite Fille Qui Ne Voulait Pas Grandir” en duo avec Katerine), mais beaucoup moins lorsque Teki Latex se lance plus franchement dans l’exercice de la chansonnette (“J’aime La Pop Music”, “Crois En Moi”), qu’elle soit disco (“Go Go Go”, bien parti jusqu’à ce que notre homme tente de rivaliser avec Début De Soirée) ou qu’elle ose même s’apparenter au Grand Serge (“Bonne Soirée”)

Au sein de tant de concessions faites en vue d’une reconnaissance tellement désirée, il ira même jusqu’à puiser dans le rock qu’il déteste sur “The Ish (feat Feist)”, et dans les influences Anticon (“Sac à Dos”) reniées il y a encore très peu de temps mais qui auront grandement contribué à la médiatisation des débuts de TTC. Teki Latex, flirtant désormais avec le gratin de la variété (la pathétique Lio sort de son placard, s’offre un revival inespéré sur “Les Matins De Paris” histoire de ne pas vieillir dans l’anonymat) , va enfin pouvoir toucher du doigt ce qu’il recherchait éperdument. Mais toucher seulement, car avec une telle “Party De Plaisir”, les dents aussi longues et le pantalon au bas des pattes, l’énergumène n’aura certainement pas d’autres alternatives que de trébucher et regarder filer ses modèles qu’il ne parvenait plus à cacher. Sans musique, en plus..

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