Talib Kweli – « Eardrum »

Talib Kweli – « Eardrum »

Eardrum[Album]
20/08/2007
(Warner/Wea)

Dans le paysage hip hop américain, Talib Kweli est certainement l’un des MCs aussi adulés que controversés. Adulé car tout le monde a encore en tête la belle épopée de Blackstar en compagnie de Mos Def et de Reflection Eternal avec Hi Tek, controversé car il est aussi sûrement un de ceux ayant le plus rapidement évolué vers les sphères d’un hip hop classique qualitativement encore au-dessus du lot, mais voué à toucher un public de plus en plus important. Avec les conséquences qui vont avec ce genre de démarche. Du coup, « The Beautiful Struggle » et « Quality« , ses deux précédents opus, ne resteront pas forcément dans les annales du genre. Et, à vrai dire, ce ne sont pas les louanges affichées par 50 Cent ou JayZ à son égard qui risquent de changer cette estime que l’on a pour lui. Pourtant, difficile de lui adresser des reproches, notamment s’il est question de son flow ou de ses lyrics. Sur ces deux points, Talib Kweli reste encore parmi les plus intéressants du hip hop contemporain. Non, c’est plutôt dans son entourage musical que le bât blesse. D’où cette éternelle frustration une fois l’écoute achevée, cet arrière-goût de gâchis, comme si le new yorkais venait encore une fois de passer à côté d’une occasion qui lui aurait permis de se mettre définitivement en valeur

Mais, finalement, on y croit encore et toujours, et on aborde « Eardrum », à la fois avec curiosité et méfiance. Ici, Kweli annonce qu’il a clairement voulu conserver le côté intellectuel de ses paroles, mais qu’il a voulu le marier à une musique plus dansante que sur ses précédents disques. Ok, pourquoi pas, mais vous m’expliquerez seulement comment votre corps réagira à la platitude et la monotonie de titres comme « Eat To Live », « In The Mood (feat Kanye West et Roy Ayers) », « Give ‘Em Hell », ou « More Or Less » produit par HiTek. L’intention s’avère en revanche plus efficace sur « Say Something (feat Jean Grae) », « Holy Moly », ou « Country Cousins (feat UGK et Raheem DeVaughn) » malgré une couleur nu soul devenant malheureusement trop souvent un automatisme du genre (cf, entre autres « Oh My Stars » particulièrement gâché ainsi). Pas de quoi s’enthousiasmer pour autant

Il faudra alors mettre de côté les bonnes intentions du bonhomme et tenter de retrouver, ici ou là, quelques éclairs de génie, quelques belles réminiscences d’un passé finalement pas si révolu. C’est en tout cas ce que laissent penser les premiers titres de ce « Eardrum », notamment ce « Everything Man » d’ouverture produit par un Madlib délicieusement soul, exactement ce qu’il faut à Talib Kweli pour se montrer sous son meilleur jour. « NY Weather Report », bien qu’un ton en dessous, reste dans une même veine, tout comme « Hostile Gospel » (produit par Just Blaze) relevé par un beat plus agressif et quelques choeurs de bonne facture, et « Soon The New Day (feat Norah Jones) » ou la couleur soul presque trop sucrée fait pour une fois son effet

« Eardrum » ne fait donc pas exception même s’il laisse entrevoir un Talib Kweli un peu mieux dans ses baskets. Encore une fois, le Mc de Brooklyn délivre un album sauvé par quelques titres clairement réussis, certes plus nombreux qu’à l’accoutumée. Il n’empêche qu’il souligne un triste et redondant constat dans le hip hop: cette tendance à préférer l’impact d’une poignée de titres forts à défaut de jouer l’homogénéité. Pas de quoi inciter les fans à se ruer sur cette nouvelle livraison. Mais « Eardrum », comme les précédents, nous laisse toujours espérer. Pour combien de temps

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