Steven Wilson – ‘Hand. Cannot. Erase’

Steven Wilson – ‘Hand. Cannot. Erase’

Album / Kscope / 02.03.2015
Fourre-tout génial

On ne vantera jamais assez les mérites de Steven Wilson, musicien ‘workaholic’, capable d’enchanter les scènes rock et progressive de multiples façons, produisant, mixant et remixant à tour de bras (Opeth, Anathema, Marillion, King Crimson ou encore XTC pour ne citer que quelques uns) tout en menant de front une riche carrière avec différents groupes (Porcupine Tree, No-Man, Blackfield, Bass Communion). Ce qui ne l’empêche pas de rester l’un des secrets les mieux gardés du rock, sans doute à cause de cette vilaine étiquette ‘prog’ collée comme un gros mot sur son front.

Depuis 2008 et ‘Insurgentes’, Steven Wilson mène également sa barque en solo. Suivent le double album ‘Grace For Drowning’ en 2011 et ‘The Raven That Refused To Sing (And Other Stories)’ en 2013. ‘The Raven…’, chef-d’oeuvre indépassable, hommage conceptuel et dantesque au rock progressif des années 70, album parfait de bout en bout, sur lequel la pureté et la qualité du son n’ont d’égal que la beauté des compositions, magistrales, éblouissantes. Dur de passer après ça.

Il avait d’ailleurs prévenu: il ne fallait pas s’attendre à un nouveau ‘The Raven…’ en 2015. Ce que nous propose ‘Hand. Cannot. Erase.’, c’est en fait un peu de tout ce qui l’anime depuis ses débuts, à la fin des années 80. Si ‘Ancestral’, prodige d’emphase, est sans doute le morceau qui se rapproche le plus du style ‘The Raven…’, prenant le temps (13 minutes!) de déployer ses ailes, on est plus proche ici de Porcupine Tree (la chanson-titre et son côté alt-rock efficace) ou de l’univers de ‘Grace For Drowning’ (‘Routine’ et ses volutes de piano). Le concept toutefois n’est pas absent puisque l’inspiration principale de l’album est l’histoire de Joyce Carol Vincent, cette londonienne de 38 ans retrouvée morte en 2006 dans son canapé, entourée de cadeaux de Noël emballés, télévision allumée, trois ans après son décès (!), sans que personne ne se soit jamais inquiété de sa disparition. Il en a tiré cette réflexion sur le monde d’aujourd’hui.

Si les marottes mélodiques de l’Anglais sont désormais connues, on ne peut que s’extasier devant les différentes tournures qu’il parvient à leur donner, se réinventant sans cesse tout en titillant nos souvenirs d’une discographie ahurissante dans laquelle il est allé piocher pour assembler la matière de cet album protéiforme. Harmonies vocales à la CSN (‘Three Years Older’), sonorités électroniques d’une beauté glaciale (‘Perfect Life’) ou porcelaine délicate dont il a le secret (‘Transience’, aérien), Wilson passe en revue son catalogue musical sans jamais lasser et parvient même à synthétiser toutes ses influences dans le superbe diptyque ‘Home Invasion’ / ‘Regret #9’. Secondé au chant par l’Israélienne Ninet Tayeb, il livre un nouveau disque génial, qui semble s’enrichir à mesure que les écoutes passent, et nous laisse ce goût d’y revenir encore.

‘Perfect Life’, ‘Home Invasion/Regret #9’, ‘Transience’, ‘Ancestral’


1 Commentaire
  • Yoann
    Posté à 20:06h, 09 mars Répondre

    Pas mal et de bonnes idées, mais les solos à la satrianoch c’est long et lourd…..

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