Spectres – ‘Dead’

Spectres – ‘Dead’

Album / Sonic Cathedral / 25.03.2016
Electronic noise

Spectres serait-il de mèche avec le lobby des fabricants de sonotones ? A voir, sur scène, le groupe de Bristol défier notre seuil de résistance au bruit, le doute est permis : impossible de ne pas se cogner contre le mur de son d’un quatuor bien décidé à nous flanquer le vertige, et ce même avec les précautions requises pour nos conduits auditifs. Une expérience avant tout sensorielle dont on ne saisit pas tout, mais qui laisse au moins une certitude : ces gars là savent y faire en matière de noise (ou shoegaze, on vous laisse décider).

De retour chez soi, difficile pourtant de retrouver la même excitation avec ‘Dying’ (2015), seul album du groupe à ce jour. A moins de compter sur des voisins particulièrement tolérants, on ne tremble plus autant à volume décent. Mais surtout, l’ennui finit lentement par s’insinuer. Pour cause : sur presque une heure, les effets de réverb’, de feedback et de saturation ne parviennent plus à dissimuler l’impression d’avoir sans cesse affaire au même morceau, peu inspiré en termes d’écriture.

Une aubaine finalement pour un album de remixes où les participants se retrouvent peu gênés aux entournures par des constructions trop déterminées. Malgré cela, ‘Dead’ démarre comme un calque du disque précité, où Vision Fortune et Hookworms flippent visiblement de s’éloigner des terrains drone et noise déjà balisés par leurs hôtes. Heureusement, débarque ensuite Oliver Wilde qui délaisse ici son indie-pop habituelle et met le pied à la techno syncopée pour une relecture de ‘Family’ à faire sauter les têtes. Une porte ouverte à la transe-marteau piqueur dans laquelle s’engouffre dans la foulée Blood Music, Giant Swan ou Gramrcy – pour ne citer qu’eux – et donner chair véritable aux pulsions morbides et hypnotiques des titres qu’ils s’accaparent. Dans un geste encore plus radical, les chouchous techno-indus de Factory Floor délaissent carrément le bruit pour une relecture minimaliste de ‘Sink’.

Proprement pensé comme un album et non une compilation anarchique, ‘Dead’ s’achève en beauté, en deux temps. D’abord avec Andy Bell (Ride) qui pousse ‘Sea Of Trees’ dans un revival big beat façon Chemical Brothers avec ‘One Too Many Morning’. Puis vient Mogwai qui, dans un geste d’apaisement qu’on lui connait trop peu, déshabille ‘This Purgatory’ de sa noirceur originelle pour l’emmener progressivement vers une lumière improbable. Loin de l’anecdotique, ‘Dead’ porte avec ses invités de haute volée une vision tout à la fois physique et intellectuelle du plaisir à l’écoute musicale, et ne s’embarrasse pas des hommages pour une relecture à la fois tortueuse et excitante de ‘Dying’.

‘Family (Oliver Wilde Remix)’, ‘Lump (Gramrcy Remix)’, ‘Sea Of Trees (Richard Fearless Remix)’, ‘Sea of Trees (Andy Bell Remix)’


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