Soulwax – ‘Belgica’

Soulwax – ‘Belgica’

Album / Pias / 26.02.2016
A boire et à manger. Mais à boire surtout.

On imagine sans mal l’excitation des frères Dewaele quand leur a été présenté le projet du film ‘Belgica’ et qu’on leur en a confié la bande originale. Devant eux a soudainement du se déployer le champ des possibles, cette immense cours de récréation qui allait leur permettre d’exprimer leurs multiples influences musicales, sans cesse soulignées depuis les débuts de Soulwax comme des 2 Many Djs. Mais la fratrie ne s’est pas contentée que de cela : plutôt que de saisir la balle au bond en transformant cette opportunité en nouvel album pourtant attendu, elle a poussé l’expérience jusqu’à créer une quinzaine de groupes fictifs, ceux qui défilent tout au long du film, sur la scène du Belgica, un bar concert tenu par deux frangins baignant dans la scène indie rock du Plat Pays.

Auteurs, compositeurs et interprètes des seize titres de cette bande originale, les frangins offrent une identité à chacune de leur envie musicale. Comme si on donnait un grand coup de pied dans Soulwax et que chaque éclat se retrouvait soudainement incarné par des musiciens talentueux, sortis de nulle part. Parce que, de la jolie neo soul pop de Charlotte qui ouvre les hostilités (‘The Best Thing’) jusqu’à la techno de Noah’s Dark qui les clôturent (‘Inward’), on retrouve inévitablement des bribes de ce qui a construit musicalement la fratrie au cours des vingt dernières années.

Au vol, on saisit donc du bon rock garage (The Shitz, seul groupe à apparaître deux fois), des élans disco du plus bel effet (Rubber Band), et assez d’electro rock pour rappeler qu’entre les mains de Soulwax le mélange n’est pas si has been (White Virgins). Aussi, à l’écoute d’Aquazul, on sentirait même fortement transpirer la présence de James Murphy. Seulement, sous ses airs de compilation, ‘Belgica’ ne fait pas carton plein : l’album alterne aussi titres passables (le reggae de Light Bulb Matrix, le punk hardcore de Burning Phlegm avec Iggor Cavalera à la batterie, le blues de Roland McBeth) et d’autres qui ne laissent transparaître qu’un intérêt récréatif pour les Dewaele (la dance turque de Kursat 9000), jusqu’à faire de la dernière ligne droite de l’album une conclusion très dispensable.

N’empêche que tant de variété de la part de deux mêmes cerveaux n’est rien de moins qu’une performance qui, à défaut de convaincre totalement sur disque, donne envie d’aller voir de quel bois elle se chauffe sur grand écran. Ce qui n’est pas toujours le cas des bandes originales.

Charlotte, The Shitz, The Rubber Band, White Virgins, Erasmus


1 Commentaire
  • Raphaël Tandoi
    Posté à 19:26h, 10 mars Répondre

    Je confirme que le film est à voir absolument et que la BO est fantastique sur grand écran !

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