Sixtoo – “Jackals And Vipers In Envy Of Man”

Sixtoo – “Jackals And Vipers In Envy Of Man”

Jackals And Vipers In Envy Of Man[Album]
24/09/2007
(Ninja Tune/Pias)

Sixtoo est bien dans ses pompes, surtout depuis qu’il a rejoint le label Ninja Tune qui semble lui avoir donné l’occasion de ne plus penser qu’à sa musique. Un état d’esprit serein qui se laissait déjà entendre sur le très réussi “Chewing On Glass & Other Miracle Cures“, son dernier opus en date qu’il a sorti il y a trois ans. Depuis, le résident montréalais s’est plutôt fait discret, tout en s’adonnant à de multiples projets qui n’auront pas fait grand bruit: la B.O de “Next: A Primer On Urban Painting”, le graphisme du jeune label Bully, un mini CD accompagnant l’art book du graffeur Other, son alter ego Six Vicious, ou son projet Megasoid avec un membre de Wolf Parade. Malgré cet agenda bien chargé, il aura quand même pris le temps de bien préparer “Jackals And Vipers In Envy Of Man”, sa toute dernière livraison sur laquelle il laisse encore ses prédispositions de Mc au placard pour se consacrer uniquement à la production

Et dans cet exercice, Sixtoo, qui n’a plus rien à prouver, s’est seulement investi d’une mission avant tout personnelle: repousser encore un peu plus loin les frontières de son univers et se démarquer d’une production typiquement hip hop, même abstract ou avant gardiste. Et il y parvient incontestablement. Pour preuve, le temps qu’on aura mis à décider s’il fallait inclure ce nouveau disque dans la catégorie hip hop ou électro. Peu importe au final, puisque les deux sont ici collés serrés, le passé hip hop alternatif étant toujours là malgré un sévère bond en avant en termes de composition le rapprochant clairement des sphères de la musique électronique

Un dompteur de machines, telle est l’image qu’il donne tout au long de ces treize titres étalés sur un peu moins de quarante minutes, et que Sixtoo ne s’est pas donné la peine d’intituler (pour faire chier les journalistes?). C’est court pour quelqu’un qui semble avoir une inspiration sans limite, mais bien assez pour un album intégralement instrumental. Aller au-delà l’aurait fait marcher sur un fil, laissant l’auditeur se passionner ou, au contraire, se perdre en chemin. Du coup, l’attention est au maximum et nous permet de prendre toute l’ampleur de l’efficacité rythmique du bonhomme, un point qui aura toujours été son point fort et qui l’est encore aujourd’hui. C’est donc plutôt dans les arrangements pointilleux et les mélodies sombres qu’il faut aller chercher une nette évolution

Voilà la raison expliquant qu’on ne rentre pas directement dans “Jackals And Vipers In Envy Of Man”. En effet, plusieurs écoutes sont nécessaires pour le démarquer de nombreux autres disques, proches en apparence, puis pour en saisir toute la richesse et la profondeur. C’est seulement alors qu’on saisira la beauté de l’intro, l’ambiance glaçante et cinématographique de celui qu’on sera donc forcé de nommer “Part 2”, le groove et les mélodies de “Part 3”, “Part 4” et “Part 13”, l’oppression de “Part 5” et “Part 7”, les rythmiques destructrices de “Part 6” et “Part 12”, voire même les accents dubisant de “Part 9”

Pour cela, un seul conseil: ne pas s’arrêter aux premières écoutes qui vous mettraient assurément sur une fausse route. Certes, Sixtoo ne ramènera pas à lui ceux qui n’ont jamais accroché à sa musique, mais confortera les autres, fidèles depuis des lustres, qu’il est bien, dans le genre, un des producteurs les plus intéressants du moment. Les trésors sont toujours bien enfouis et ne croiseront pas votre route par le plus grand des hasards. Creusez, et vous trouverez..

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