Rone – ‘Creatures’

Rone – ‘Creatures’

Album / InFiné / 09.02.2015
Electronica

Suite au départ d’Agoria, co-fondateur d’InFiné, il fallait au label quelqu’un d’assez solide pour assurer le rôle de nouveau prodige électro made in France. Heureusement, la maison a misé sur le bon poulain, Rone endossant ainsi le lourd statut d’artiste-phare du label, mérité aussi tant sa renommée grimpe depuis son premier album en 2009, et tant les salles ne désemplissent plus depuis la révélation ‘Spanish Breakfast’. C’est beaucoup de choses pour cet anxieux de nature, qui n’a jamais demandé à être offert à la foule, catapulté de force par son parrain Agoria. A l’heure de son troisième opus, pas de surprise donc de la part d’Erwan Castex qui, par son honnêteté et son talent, n’est de toute façon pas quelqu’un qu’on attend au tournant. Le producteur confirme naturellement sa montée en puissance, et élargit son aura avec un disque encore plus profond, intime et mélodique que ses deux prédécesseurs.

Cette fois-ci, le bonhomme – en apparence solitaire et introverti – a voulu partager ses idées pour en faire des ‘Creatures’ à plusieurs têtes. Au sein de ses atmosphères électroniques éthérées, il laisse alors une place de choix à ces chanteurs et musiciens venus s’ajouter au projet au fil des rencontres, sans préméditation, et sans jamais tirer la couverture de son côté. De ces tranches de vie avant tout humaines naît un disque aussi spontané que collectif.

Rone s’est tourné vers le Japon pour y chercher la trompette de Toshinori Kondo habillant aujourd’hui la magnifique balade introspective ‘Acid Reflux’. A cette grande photo de famille, qui comptait déjà son pote violoncelliste Gaspar Claus, s’ajoutent d’autres têtes comme celle de Bryce Dessner (guitariste de The National) posant ses accords sur trois morceaux, ou de Charlotte Oleena dont la voix apporte un peu de féminité à ce disque à 95% masculin. Rone ose même donner sa vision personnelle de la chanson française en mariant la voix et les arrangements de Bachar Mar-Khalifé aux pleurs discrets de sa fille, mais aussi – de façon bien plus évidente – celles de François Marry (chanteur de François & The Atlas Mountain) et d’Etienne Daho, ici acteur d’une formidable résurrection sur la promenade aérienne ‘Mortelle’.

Seul sur scène la plupart du temps, Rone n’oublie pas pour autant de lâcher ses démons sur quelques compositions personnelles, à l’image de ‘Freaks’ et ‘Ouija’, bien plus barrés et incisifs que la moyenne, ou l’épique ‘Sing Song’, parfait reflet de l’intensité de ses productions. Même si les machines restent au centre, le producteur élève une hydre en guise d’album au sein duquel gravitent, à la même altitude, voix, instruments et mélopées synthétiques.

‘Mortelle’, ‘Sing Song’, ‘Calice Texas’, ‘Acid Reflux’


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1 Commentaire
  • JJorg
    Posté à 11:56h, 12 février Répondre

    Quelques perles ((OO), Ouija, à la rigueur Freaks) qui dénotent dans un album d’ambiant finalement assez banal.

    Certainement pas le renouveau de l’électro, qui en ce moment, manque cruellement de bons albums à écouter chez soi, à mon humble avis.

    La hype ment encore une fois.

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