Rancid – ‘Trouble Maker’

Rancid – ‘Trouble Maker’

Album / Epitaph-Hellcat / 09.06.2017
Punk rock

En 2010, après maintes péripéties qui en auraient fait plier plus d’un, les membres de Rancid chantaient d’une même voix qu’ils étaient indestructibles, et on voulait bien les croire.  L’énergie de l’homme qui n’a plus rien à perdre ne faisant généralement pas long feu, Tim Armstrong – barbe épaisse et crâne tatoué – a beau être plus vilain que jamais, il paraît en pleine forme, et son quatuor loin d’avoir dit son dernier mot : voici les punks californiens de retour avec ‘Trouble Maker’.

Parmi les groupes les plus respectés de la scène punk depuis plus de deux décennies, Rancid ne s’est jamais laissé aller aux grandes théories ni aux refrains faciles. Préférant la vérité du terrain, les quatre donnent leur vision de la société à travers des histoires de trottoirs et de terrains vagues, du quotidien de la Bay Area. Du vécu, que du vécu. ‘Telegraph Avenue’ nous ramène ainsi à Berkeley dans un nuage de lacrymo durant les années Reagan, la police embarquant agitateurs de conscience au croisement de Durant street. Depuis, les locataires à la Maison Blanche se sont enchaînés, multipliant faux espoirs et levées de bouclier, et les choses n’ont pas vraiment changé pour les laissés pour compte, comme le souligne ‘Ghost of a Chance ‘, cinglant, pessimiste mais parfaitement lucide.

Pour Rancid non plus. Les quatre attaquent un nouvel album avec une férocité encore embaumée de cette noirceur qui rendait l’album à la tête de mort cauchemardesque à l’aube du XXème siècle (‘Track Fast’, ‘All American Neighborhood’). Ca n’empêche pas le son d’évoluer vers quelque chose de plus rock’n’roll, voire psycho sur ‘Beauty of the Pool Hall’  aux effluves de vieux pub.  Malgré quelques titres nostalgiques, on sent le groupe plus fort, et la voix de Tim Armstrong moins fragile. Ca enchaîne, ça s’emballe sans aucun temps mort.

Avec vingt titres efficaces torchés en quarante minutes, Rancid n’a pas fait dans la fioriture avec ‘Trouble Maker’. Tout juste pourrait-on regretter une certaine uniformité, une sous exploitation de ses talents, l’absence d’une ballade râpeuse qui serrerait le cœur du plus dur des dockers de la  baie, comme sait si bien le faire Lars Frederiksen avec ses Bastards (‘My Life’). Des albums comme ça, le groupe peut en sortir à l’infini,  et semble d’ailleurs le promettre en le clamant férocement sur ‘This Is Not The End’.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
‘Ghost of a Chance’, ‘Farewell Lola Blue’, ‘All American Neighborhood’, ‘This Is Not The End’


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