Powell – ‘Sport’

Powell – ‘Sport’

Album / XL Recordings / 14.10.2016
Amas de boucles

Ruptures et contradictions sont autant d’éléments qui habitent l’étrange musique confectionnée par Powell, producteur londonien travaillant depuis ses débuts sur une matière instable, une succession de brics et de brocs mis bout à bout d’un geste qui vise aussi bien les jambes que le cerveau. Hachée, flegmatique, très sûre d’elle dans la réussite de sa mission qui vise autant la frustration que l’extase, son oeuvre pioche dans le post-punk, la no wave, ou encore la techno, des samples vocaux, des bouts de basses ou de percussions, le tout assemblé en un chaos structuré. Au milieu de ces bricolages se construit alors l’identité fascinante de morceaux sans colonne ni porte d’entrée, au groove évident et autour desquels il faut tourner un moment pour en saisir toutes les nuances.

Un brin provocateur dans sa démarche, Powell présente aujourd’hui, avec ‘Sport’, un premier album ancré dans l’amusement et dans le cérébral, qui se déchargerait de tous les discours préconçus qu’on formulerait à son encontre. Si on ne peut entièrement souscrire à cette présentation, on trouve des traces beaucoup plus pugnaces ici et là dans les tubes que sont par exemple ‘Frankie’ et ‘Jonny’, dessinant une sorte de pop accrocheuse emmenée par la voix nonchalante de Jonnine Standish (moitié de HTRK).

Toujours sur la corde raide, au milieu d’un précipice ou les éléments accrocheurs sont constamment perturbés, ‘Sport’ se révèle être un amas fascinant qui ne vise pas l’entre deux tiède. Truffé de beats parasites, de samples prélevés sur Skype et de relents post-punk, il illustre la patte toujours plus affirmée de son petit malin de géniteur, l’un des producteurs les plus stimulants de notre époque, qui se demande à chaque fois comment connecter le cérébral à nos pas de danse.

‘Fuck You, Oscar’, ‘Frankie’, ‘Junk’, ‘Jonny’, ‘Gettin’Paid To Be Yourself’, ‘Plastic’


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