Phoenix – ‘Ti Amo’

Phoenix – ‘Ti Amo’

Album / Glassnote / 09.06.2017
Electro pop

Passés en quelques années du statut de groupe indie à celui de tête d’affiche mondiale, les versaillais n’ont jamais cessé de se battre contre les préjugés et les idées préétablies à leur encontre. Désormais chouchous des médias et du public, américain notamment, les français ont réussi en à peine deux albums à mettre le monde entier à leurs pieds, avec dans un premier temps le classique et acclamé ‘Wolfgang Amadeus Phoenix’ (2009), lauréat d’un Grammy Award pour le titre de meilleur album alternatif. Puis en 2013 avec ‘Bankrupt!’, un disque rapidement adopté par le public mais reçu avec beaucoup plus de réserve par la critique à cause d’une production jugée certainement trop grandiloquente, mais dont la qualité d’écriture et de composition ne manquait en revanche pas d’audace. Qu’à cela ne tienne, le groupe – fort de son succès et de ses tournées triomphantes – méritait une pause afin de concevoir le sixième album de sa discographie.

C’est donc durant deux ans – de fin 2014 à fin 2016 – et secrètement enfermé au dernier étage de la Gaîté Lyrique à Paris, que le groupe a pris le temps de composer ce ‘Ti Amo’ aux sonorités estivales et à l’accent sentimental. Thomas Mars et ses acolytes proposent ici une vision fantasmée de l’Italie au travers de souvenirs de jeunesse et d’amours insouciants : des thèmes récurrents chez Phoenix, qui trouvent ici le cadre idéal pour s’exprimer. Malheureusement, après plusieurs écoutes, ce qui en résulte est un album certes agréable mais un peu trop léger, à la portée de tous mais quasiment racoleur par moment (‘J-Boy’, ‘Ti Amo’), et qui manque surtout cruellement de caractère, étouffé qu’il est par un enrobage pop bien trop ‘bonbon’ et des refrains un peu trop à la guimauve (pour votre santé, évitez de manger trop sucré).

Ce qui force le respect et qui fait le charme des versaillais depuis ‘Wolfgang Amadeus Phoenix’, c’est cette capacité à pouvoir écrire – sans aucune concession précisons le – des chansons à la puissance tubesque incontestable, et ce avec un niveau d’écriture, de production et d’expérimentation dont eux seuls ont le secret, et qu’on ne pourrait entendre venant de groupes extérieurs à l’Europe ou à la France. Un charme et des sonorités d’Europe continentale qui malheureusement ici ne semblent pas naturelles mais forcées, rendant le disque beaucoup moins personnel, authentique et singulier qu’annoncé (nul besoin d’attendre Phoenix pour entendre sur les ondes un titre comme ‘Tuttifrutti’).

‘Ti Amo’ est un album à l’esprit certes mélomane mais dont la production est résolument digitale. Les synthétiseurs chers à la musicalité de Phoenix sont ici à leur paroxysme (‘Via Veneto’) mais peinent sincèrement à émouvoir. Ils auraient même plutôt tendance à soulever une question : est-ce qu’un vrai retour aux guitares ne ramènerait pas un peu de mordant et de diversité dans sa musique ? A méditer…

Si ‘Ti Amo’ ne devait avoir qu’un seul mérite, ce serait celui de rappeler au bon souvenir ses prédécesseurs. Phoenix n’est pas seulement un groupe français qui chante en anglais et qui sait écrire des tubes destinés aux festivals. Plus qu’une caution de la musique française, ce sont parmi les meilleurs compositeurs que nous ayons connu dans le pays ces dernières années, et qui ont accompli l’exploit de rendre le charme de leur musique accessible au monde entier. Espérons donc que les quatre versaillais ne se reposeront pas trop longtemps sur cette parenthèse italienne, et reprendront vite goût au risque, le vrai, celui grâce auquel ils sont portés depuis des années dans le cœur de bon nombre de compatriotes.

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A ECOUTER EN PRIORITE
‘Fior Di Latte’, ‘Lovelife’, ‘Goodbye Soleil’, ‘Fleur de Lys’


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