Patricia – ‘Bem Inventory’

Patricia – ‘Bem Inventory’

Album / Opal Tapes / 09.2015
Le son du futur

Déjà, il y a un an, Patricia avait fait le coup du virage à 180 degrés avec ‘Side Piece EP’. Loin de la torpeur hypnotique de l’album ‘Body Issues’, le producteur de Chicago avait jeté trois titres plus frontaux, agrémentés d’un incontournable remix réalisé par James T. Cotton (Dabrye), d’une efficacité toujours éprouvée sur les dancefloors.

Cette fois, il revient avec un objet bien plus complexe et sans doute plus proche de son premier long format. Fasciné par les questions de genre, de perception des sexes et des stéréotypes toujours en vigueur à notre époque, le musicien aime prolonger ce flou jusque dans ses productions.

En premier lieu, il y a toujours ce voile propre aux enregistrements d’ambiance, un son étroitement lié à cette impression de distorsion temporelle inhérente aux oeuvres de Patricia. On y retrouve aussi son goût pour l’épure : kick sous-mixé, hats et claps filtrés, ligne de basse ronde mais sourde, et nappes atmosphériques, sa patte est reconnaissable entre mille dès l’introductif ‘Mercury In Retrograde’. Mais au contraire de ‘Body Issues’, ces nouvelles compositions prennent une dimension plus enlevée. Patricia conjugue ici ses deux visages : cérébral et physique. Ainsi, les tripes sont toujours dérangées, l’esprit toujours stimulé, mais nombre de ses titres se prêtent aussi au dancefloor, certes de cave, quand son prédécesseur invitait plus à la flânerie dépressive.

Malgré ce caractère plus direct, aidé par l’apparition de son comparse Cloudface, ‘Bem Inventory’ n’en est pas moins un album tortueux, viscéral et fiévreux. Son géniteur frappe avec l’une de ses plus belles fulgurances, savoureusement intitulée ‘Needs a Nap’. Armé de son arpeggiator grandiloquent, de sa rythmique saturée, Patricia s’engouffre dans cinq minutes de dédale malade et épique. Il conclut avec un autre bijou, ‘Hadal Zone’, tube déguisé de fin de soirée, ou début de descente. Onirique à souhait, l’épilogue ne manquera pas de nourrir nombre d’images chez son auditeur en promenade.

‘Bem Inventory’ n’est peut-être composé que de six morceaux, mais ces derniers marqueront sans l’ombre d’un doute cette fin d’année. L’obsession ne fait que commencer.

‘Hadal Zone’, ‘Bem Inventory’, ‘Just Visiting (with Cloudface)’


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