Papier Tigre – ‘The Screw’

Papier Tigre – ‘The Screw’

Album / Muraille Music – Junction / 29.04.2016
Indie math noise

Depuis l’incroyable ‘Recreation‘ sorti en 2012, les membres de Papier Tigre ont fait du chemin. Que ce soit au sein de leur propre formation ou de projets annexes (The Patriotic Sunday, Room 204 ou encore La Colonie de Vacances avec les amis de Marvin, Pneu et Electric Electric), ces dernières années auront permis aux nantais de s’enrichir, d’explorer de nouveaux horizons, et de peaufiner ce qui semble être à la fois leur album le plus expérimental, peut-être aussi le plus personnel. Un disque incisif, acide, rugueux, qui ne laissera personne indifférent…

Pour ‘The Screw’ (traduisez ‘L’Arnaque’ ou bien ‘La Baise’), exit les producteurs extérieurs. Papier Tigre, accompagné de Patrice Guillerme, a fait le choix de l’auto-production, et opté pour un studio moins cher : un bon moyen pour prendre le temps d’expérimenter mais aussi pour peaufiner toute la partie mixage des nouveaux morceaux. Et c’est à la fois tout ce qui fait la qualité du disque, mais aussi toute sa faiblesse. Car si la démarche peut sembler intéressante, voire même légitime après dix ans de carrière, produire et mixer soit même peut s’avérer être un dangereux numéro d’équilibriste.

‘The Screw’ joue sur son coté ‘coup de poing’. C’est un disque qui se veut instantané, riche en idées, mais qui demeure légèrement instable en production, en arrangements et en cohésion, trois points sur lesquels Iain Burgess et John Congleton (respectivement producteurs de ‘The Beginning And End Of Now‘ et ‘Recreation’) réussissaient à consolider, voire à enjoliver, la machinerie Papier Tigre. Du coup, certains morceaux paraissent comme des ébauches (‘In The Right Place’, ‘Naming Names’) quand d’autres s’avèrent encore plus anecdotiques (‘A Matter Of Minutes’).

Malgré ça, le groupe ne perd en rien les qualités musicales qui ont fait sa singularité. Les nantais parviennent à insuffler dans ‘The Screw’ les meilleures facettes de leur musique (‘Mood Trials’), se laissent tenter par des tendances plus funky (les très réussis ‘Heebie Jeebies’, ‘Pajamas’ et ‘The Other Me’), et laissent même présager de nouveaux horizons (‘And There Were Some Lonely Hands’, et surtout l’éblouissant ‘Each and Every’ qui rappelle de manière sublime Can).

Longtemps considérés comme d’humbles successeurs de Fugazi, Shellac et autres Don Caballero, Papier Tigre n’a eu de cesse de creuser son propre sillon, explorant un maximum de ses fantasmes au fil des années. Avec ce nouvel album, c’est un chapitre en plus qui s’inscrit à sa discographie. Disons plutôt une passerelle vers l’avenir. Car si ce disque est imparfait, il possède néanmoins une énorme qualité qu’on devine déjà : il fait non seulement le lien entre des expériences déjà acquises et un futur toujours plus prometteur, mais démontre aussi cette constante envie d’aller toujours plus loin. Quelle meilleure raison pour patienter jusqu’au prochain ?

‘The Other Me’, ‘Mood Trials’, ‘Heebie Jeebies’, ‘And There Were Some Lonely Hands’


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