P.O.S – ‘Chill, Dummy’

P.O.S – ‘Chill, Dummy’

Album / Doomtree / 27.01.2017
Hip hop

Il faut le savoir avant même de s’y plonger, ‘Chill, Dummy’ tient ni plus ni moins du miracle. En effet, en 2012, après la sortie de l’excellent ‘We Don’t Even Live Here‘, Stefon Alexander a dû subir une intervention chirurgicale du rein qui l’a forcé à tout stopper, et attendre une greffe qui n’arriva finalement que deux ans plus tard. C’est donc la vie sauve, et après avoir progressivement remonté la pente, que le Mc s’est attelé à ce nouvel album forcément frappé d’une inspiration nouvelle, celle d’un artiste qui – à un moment ou un autre – a sans doute du envisager ne plus pouvoir donner suite à sa carrière.

Et le miracle est double puisque, dans ses mésaventures, P.O.S. n’a strictement rien perdu de son habituelle efficacité. Aussi offensif et baigné de la culture punk rock qui a toujours contribué à sa singularité au sein de la scène rap (‘Born a Snake’, ‘Wearing a Bear’, ‘Lanes’), armé d’un flow resté intact dans sa précision millimétrique (‘Thieves / Kings’), Alexander aligne douze nouveaux brûlots au fil desquels on croise évidemment ses fidèles potes du crew Doomtree, mais aussi quelques soutiens de poids en les personnes de Justin Vernon (Bon Iver), Busdriver (jamais aussi agréable à écouter que lorsqu’on a longtemps coupé les ponts avec lui), Kathleen Hanna (Le Tigre) ou Open Mike Eagle.

Habité d’une envie de jeune premier, le Mc de Minneapolis laisse ainsi percer entre chacun de ses mots une joie de vivre retrouvée, quitte à délaisser légèrement un autre de ses atouts : la cohérence qui portait chacun de ses albums précédents. Mais si ‘Chill, Dummy’ peut paraitre un peu décousu du fait d’une diversité assez inhabituelle dont P.O.S. est le seul responsable (le sensuel ‘Faded’, ‘Infinite Scroll’), rien ne vient dévier chaque morceau de son objectif, y compris quand le Mc s’accorde neuf minutes pour le seul ‘Sleepdrone / Superposition’, plus que jamais révélateur de cette prise de conscience offerte par les obstacles de la vie, qui pousse aussi à se permettre toutes les libertés, les expérimentations, sans se soucier de leurs conséquences. A défaut d’en faire son plus sentimental, ça ne fait pas son meilleur album. Mais P.O.S. est toujours là pour se positionner au-dessus de la meute. Et ça, c’est finalement la meilleure des choses.

‘Faded’, ‘Pieces / Ruins’, ‘Thieves / Kings’, ‘Lanes’, ‘Sleepdrone / Superposition’


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