Oxmo Puccino – “Roi Sans Carrosse”

Oxmo Puccino – “Roi Sans Carrosse”

oxmo180Album
(Cinq7)
17/10/2012
Hip hop

C’est par un roulement de tambour que chaque nouvel album d’Oxmo Puccino devrait être précédé. Pour la Grandeur du bonhomme avant tout, mais aussi parce que depuis 2006, chacune de ses apparitions s’entoure du mystère propre à celui qui veut toujours voir plus loin. Alors, le Parisien quittait le format classique du hip hop en collaborant avec les Jazz Bastards pour un excellent “Lipopette Bar“, puis confirmait trois ans plus tard avec “L’Arme de Paix“, dernier album studio ou on l’entendait s’attaquer vaillamment à la chanson avec une assurance toute perfectible. Peu importe, Oxmo Puccino avance, se permet, s’amuse, multiplie les grands écarts collaboratifs et gagne chaque fois en souplesse.

En invitant cette fois la poésie dans le hip hop plutôt qu’en forçant les portes de la chanson, ce sixième album pourrait bien venir couronner ses prises de risque une bonne fois pour toutes tant tout semble s’y harmoniser. Normal, en s’entourant pour l’occasion de Vincent Segal (Bumcello, M…), Renaud Letang (Feist), et Vincent Taeger (Poni Hoax) pour atteindre la musicalité, l’intéressante diversité, comme l’indiscutable justesse qui plane au dessus de ces onze titres, Oxmo n’avait plus qu’à s’appliquer à pondre une nouvelle salve de textes flatteurs pour la langue française, et s’en aller égaler l’enthousiasme qu’il n’avait plus suscité depuis “Lipopette Bar”.

Définitivement fidèle au hip hop comme le prouvent la plupart des titres de cet album, le “Black Jacques Brel” s’appuie néanmoins sur ses collaborateurs du jour pour surprendre, avancer hors des sentiers battus, exploitant au maximum leur immense talent comme leur façon bien à eux de marier l’acoustique et de l’électrique. Ainsi, même s’ils les déconcerteront certainement un peu, “Artiste”, “Parfois”, “Pas Ce Soir”, “Les Gens du 72”, “Le Sucre Pimenté” ou “Le Mal Que je n’ai Pas Fait” sont autant de titres qui, par leur groove et leurs mélodies, devraient réconcilier les nostalgiques avec le Mc. A moins que ceux-là, au plus fort de leur intransigeance, soient définitivement rebutés par le format chanson que l’on croise encore ici ou là, avec incontestablement plus de réussite (“Pam-Pa-Nam”, “Danse Couchée”, “Roi Sans Carrosse”).

Evoluant dans un domaine désormais bien plus vaste que le seul rap français, Oxmo Puccino, s’il peut froisser par ses choix musicaux, ne pourra en revanche jamais être critiqué pour son écriture. Un vrai régal ici quand il exprime humblement, subtilement, et sans aucun complexe ses préoccupations bien normales de (quasi) quadragénaire (la mort sur “Le Vide En Soi”, la face obscure de la paternité sur l’excellent “Un An Moins Le Quart”, la vie de couple sur “Pas Ce Soir”). Aussi quand, en évitant soigneusement la moralisation, en jouant avec les mots avec une habileté qui les rend captivants, il aborde des sujets plus larges comme la notion de liberté (“Parfois”) ou les pièges de la nostalgie (“Les Gens de 72”). Sans paillette, véritable, et totalement assumé, “Roi Sans Carrosse” n’est ainsi “que” le digne reflet d’un Oxmo Puccino ne trouvant plus son plaisir que dans sa liberté.

itunes9

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