Orelsan – “Perdu d’Avance”

Orelsan – “Perdu d’Avance”

orel180Album
(3eme Bureau)
16/02/2009

Voilà bien longtemps que le rap hexagonal ne nous avait pas surpris. Depuis qu’il a achevé sa révolution capitaliste au tournant du millénaire, que le bégaiement tonique a remplacé toute notion de flow, et que la rime «biatch/cash» fait office d’horizon indépassable, on pensait les Mc’s comme OrelSan bien mal barrés, ensevelis sous un amoncellement de grillz et de pendatifs en or massif, bref, pas prêts de se relever.

C’était sans compter sur le Caennais et ses recettes vieilles comme le rap: un flow métrique qui fait de l’ombre à la MPC, une maîtrise du storytelling sans artifice, l’autodérision et le recul d’un mec qui devait s’attendre à tout sauf à percer… C’est peu de chose mais ça fait toute la différence: à l’écoute d’un album de rap français, on n’a plus le sentiment de vivre un enfer à mi-chemin entre le cartel de Medellín et les townships d’Afrique du Sud. Au lieu de ça on écoute, captivé, les tourments d’Aurélien, 26 ans, «un blanc qui se prend pour un négro», collectionneur de «jobs de merde» et de soirées du même acabit, «No Life» qui «se fait ouij’ en moins de cinq minutes avec eMule», toujours «plus proche de la blague de cul que de l’art de rue»… La liste est longue et remplit un livret qui retrouve subitement de son intérêt, déclinaison papier d’un journal intime mis en musique et dans lequel humour et pathos se nichent parfois dans la même phrase.

Parce qu’il prend le contre-pied du spectaculaire, parce qu’il est blanc, provincial, issu de la classe moyenne, on voit en OrelSan le Mike Skinner de Basse-Normandie. Croqueur d’un quotidien dont il a visiblement fait le tour, on pourrait aussi en faire le Vincent Delerm du rap, le côté chiant en moins. Une fois passée la crise d’adolescence et laissées de côté ses vieilles habitudes, on lui souhaite d’égaler la longévité de ses condisciples même s’il prévient d’avance: «j’ai tout mis dans le premier album / il y aura pas de deuxième». Dommage?

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2 Commentaires
  • Agibi
    Posté à 16:01h, 16 juin Répondre

    C’est marrant que vous ayez apprécié cet album en même temps j’aime beaucoup aussi… Jolie ouverture d’esprit mais je n’en attendais pas moins de vous!!! Continuez à chroniquez les pépites mêmes les moins expérimentales et underground, c’est toujours un plaisir simple qui nous surprend le plus facilement!

  • gandolfi
    Posté à 19:44h, 10 janvier Répondre

    Vraiment pas du tout d’accord, “on voit en OrelSan le Mike Skinner de Basse-Normandie”, Mike Skinner ne doit pas être super content . Album pas terrible, des lyrics pas terribles, des sons qui passent à la rigueur.

    Quand même ,il y a eu assez de sortie en 2005, pour ne pas classer celui ci dans les 35 meilleurs.

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