Olden Yolk – ‘Olden Yolk’

Olden Yolk – ‘Olden Yolk’

Album / Trouble In Mind / 23.03.2018
Pop éclairée


Il est très aisé d’imaginer Olden Yolk (Shane Butler, échappé des fadasses Quilt, et Caity Shaffer) jouer devant la toile éphémère des quatre murs blancs d’une galerie d’art moderne new-yorkaise. Le soupçon de décalage tant recherché, celui qui entrerait en résonance avec la vision très sophistiquée des ayatollahs de la création contemporaine. Les guitares révolutionnaires tenues en joue par un gratin de petits décisionnaires qui, comblés d’aise, circulent d’un air dégagé, un verre de Chardonnay à la main.

Un état d’esprit qu’on retrouve sur cet album, le premier d’Olden Yolk, qui exécute comme une déambulation à travers une enfilade de courants artistiques imprégnant le tissu poreux de cette pop un peu intello et très agréable. Il suffit juste de s’asseoir et d’écou-templer pour s’évader (Gamblers On A Dime). Sortie chez l’excellent label Trouble In Mind, réputé pour sa vision de diamantaire sur un rayon rock indé parfois un peu emmerdant, cette pépite est bien trouvée, polie et taillée de telle sorte qu’une douce et moins amère lumière s’y réfléchisse.

Une lumière citadine, somme des néons qui fardent le quotidien et le font clignoter (Vital Sign). Olden Yolk, planté au milieu d’un vernissage, arène de faux-semblants par excellence, s’échine à diminuer cet éclat volé et ôte autant qu’il peut le maquillage de cette superficialité sociale. On pense sur Esprit De Corps à la Factory de Warhol, symbole de l’effervescence avant-gardiste d’un pop art étendard de la consommation de masse autant que détracteur.

Si le disque a des dehors un peu naïf, le propos est plus éclairé qu’il n’en a l’air, tout baigné de mélancolie qu’il est, et les arrangements sont réalisés avec soin. De jolis moments se dégagent de cette petite entreprise créatrice, qui balaye les fioritures d’un côté et s’ancre dans une tradition culturelle contemporaine indéniable de l’autre : termes français, poésie, collages de proses sur chant, interlude pianoté (Aria). Takes One To Know One est le dernier morceau, superbe pièce psychédélique à la guitare abrasive et ensoleillée qui, à la faveur d’un clin d’œil Psychic Illsien, place le viseur au-dessus des buildings et laisse s’échapper un peu d’un authentique ciel bleu.

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A ECOUTER EN PRIORITE
Takes One To Know One, Vital Sign, Hen’s Teeth


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